Au début du XXème siècle, les Noirs d'Amérique ne subissent plus l'esclavage, mais la ségrégation raciale... Ce qui, somme toute, revient au même ! La musique est alors une bouée de sauvetage, un exutoire pour des millions d'Afro-Américains opprimés qui résistent, tant bien que mal, aux conditions sociales désastreuses imposées par l'administration blanche toute puissante.
Bien avant que Randy Weston ne se rende sur le continent noir, ses aînés avaient embrassé l'humeur africaine. S'agissait-il d'une réappropriation culturelle ou d'une manifestation sonore d'un engagement citoyen ? Difficile à dire... A cette époque, clamer son identité ou ses origines ancestrales est encore très risqué. Le lien qui unit l'Afrique et les Etats-Unis est pourtant indéniable.
C'est la raison pour laquelle, tout au long de sa vie, Randy Weston a recherché les signes de son africanité. A travers les œuvres de ses contemporains, à travers ses nombreux voyages, à travers la spiritualité de sa musique, il a acquis la conviction d'être un membre de la famille.
Le 8 avril 2012 à New York, Randy Weston présentait l'un de ses plus ambitieux projets. Une suite pour orchestre consacrée à un peuple de l'Antiquité, les Nubiens. Ce spectacle musical en plusieurs tableaux avait pour but de conter «L'épopée» de la plus ancienne civilisation africaine connue. Cette imposante représentation fut un véritable succès, et hissa Randy Weston au rang de patriarche. Une posture dont plus personne ne peut aujourd'hui lui contester la légitimité !