Lors de la campagne précédente, c’était un prix indicatif que le gouvernement d’Alassane Ouattara, à peine en place, avait conseillé d’appliquer au kilo de cacao payé par les acheteurs aux planteurs (1000 FCFA). Mais il n’avait eu aucun moyen de le faire appliquer.
Cette année, l’Etat peut imposer un prix minimum obligatoire au producteur. Parce qu’il a non pas vendu lui-même par anticipation la récolte de cacao, comme au Ghana, mais qu’il a mis aux enchères, tous les jours depuis janvier dernier, des droits de tonnage sur la nouvelle récolte. Sur chacun de ces tonnages, les exportateurs qui ont remporté l’enchère se sont engagés sur un prix à l’export. C’est la moyenne de ces prix quotidiens qui servira de base pour le calcul du prix minimum que devra verser l’acheteur au planteur pendant toute la campagne, une fois ôté un forfait fixe pour les coûts de transports et les intermédiaires. On le voit c’est toujours l’exportateur qui paie le planteur, via ses acheteurs. L’Etat se contentera de compenser les différences de prix d’enchères entre deux exportateurs pour leur permettre de verser le même prix bord champ minimum au paysan.
Ce n’est donc pas un retour à l’ancienne Caisse de stabilisation. Mais on tente de réguler le système archi-libéral qui a prévalu depuis près de vingt ans. La plupart des acheteurs ont accepté ces nouvelles règles du jeu, après des négociations ardues sur la prise en compte de leurs coûts dans un barème fixe, qui désavantage les acheteurs de l’intérieur du pays. Cela risque d’occasionner de leur part un peu de rétention ou de contrebande de fèves. De même les décotes pour fèves mal séchées seront interdites, elles devront être refusées, ce qui risque aussi de retarder l’écoulement de la production.
Mais globalement, le pari que fait l’Etat ivoirien et celui que font les exportateurs est le même : encourager les planteurs à améliorer la qualité de leur production, par un prix minimum obligatoire à l’abri des fluctuations. Encore faut-il que ce prix, qui sera annoncé sous peu, leur convienne !