Dans le grenier à blé du sud de la Russie, la sécheresse du printemps se prolonge, les autorités comme les courtiers s'attendent à une récolte amputée de 20 à 25%; en Ukraine la baisse sera encore plus importante. Les pays de la mer Noire représentent désormais 20% du commerce mondial du blé, alors quand leur récolte s'annonce mauvaise, comme c'est à nouveau le cas cette année après une année 2011 record, les prix de la céréale flambent.
De l'autre côté de l'Atlantique, c'est un autre phénomène qui est à l’œuvre : une réaction en chaîne assez classique dans le complexe céréalier. Aux Etats-Unis, le blé se porte bien, c'est aux deux tiers du blé d'hiver, et il est déjà très avancé. En revanche, le maïs est très menacé par la sécheresse dans le Midwest, ses prix flambent en ce moment, ce qui fait mécaniquement grimper les prix du blé puisque les deux céréales sont interchangeables dans les aliments du bétail.
Au total, on a observé une hausse de 10% en une semaine à Chicago sur le blé de la prochaine récolte, à plus de 7 dollars le boisseau tandis qu’à Paris la tonne a dépassé les 220 euros. Par comparaison, lorsque la Russie avait décrété un embargo il y a deux ans, on avait atteint 260 dollars, mais Moscou a pour l'instant exclu cette hypothèse.
En attendant l'envolée des prix du blé profite au deuxième producteur mondial, l'Inde. Après trois ans d'absence du marché mondial, ses stocks débordent, et avec une roupie au plus bas par rapport au dollar, son blé est le plus compétitif de la planète. Les pays du Moyen-Orient ne s'y sont pas trompés, à la veille du Ramadan, ils viennent d'acquérir 200 000 tonnes de blé indien.