Avec des points de vue pour le moins contrastés sur les événements à venir en Egypte… Un Frère musulman a été élu président, l’armée détient certes encore tous les pouvoirs, mais va-t-elle lâcher du lest, ou au contraire resserrer son emprise ? Le débat est lancé dans les journaux ce lundi.
« Mohammed Morsi, un président islamiste en Egypte », s’exclame en Une Le Figaro. « Il est fort probable que l’armée cherchera, comme elle l’a fait jusqu’ici avec succès, à contenir la montée en puissance des Frères musulmans et de leurs alliés, estime le journal. En Égypte, ce bras de fer dure depuis longtemps. Il prend désormais une forme nouvelle. Malgré tous les garde-fous érigés par l’armée, celle-ci se trouve confrontée à un homme qui incarne la volonté populaire. L’heure n’est pas à l’épreuve de force, affirme encore Le Figaro, parce qu’une certaine modération peut servir les Frères musulmans. Mais une chose est sûre : les islamistes viennent de marquer un point très important. »
Pour Libération : « la révolution part en Coran » Certains apprécieront le jeu de mots, d’autres pas… Toujours est-il que l’Egypte a « fait président un frère musulman », constate le journal. Mais, paradoxe, relève-t-il, cette confrérie religieuse « se hisse au sommet du plus grand Etat du monde arabe au moment même où la fonction qu’elle ravit - la présidence de la République - ressemble à une coquille vide, tant les militaires ont pris soin d’en limiter les pouvoirs. Cette victoire est pourtant le signe que ce compromis, hier encore impossible entre l’armée et les Frères, commence à se dessiner, estime Libération. Pour une raison simple : les Frères musulmans ont plus à perdre dans un affrontement qui risque de tourner à la guerre civile. »
La République du Centre n’a pas le même point de vue : « on ne donne pas cher de la pérennité de cet attelage militaro-islamiste fondé sur une trouble connivence, estime le journal. Une dérive à l’algérienne, comme en 1991, n’est pas totalement à exclure. Et l’on ne peut, évidemment, s’empêcher de penser aux Égyptiens, eux aussi dépouillés de leur révolution. »
Ce qui est sûr en effet, remarque La République des Pyrénées, c’est que « les grands vaincus de cette élection sont les 'révolutionnaires' qui voulaient briser les conservatismes du pays et le faire entre dans une ère moderne et démocratique. Il est à craindre qu’ils aient à subir et l’ordre militaire consolidé, et l’ordre moral instauré par des Frères musulmans qui savent que le temps, dans cette configuration, joue pour eux. »
Le Républicain Lorrain renchérit : « pour l’heure, ce sont bien les 'révolutionnaires', les libéraux et la génération Internet qui, après avoir fait fantasmer l’Europe et chassé Moubarak, sont les principales victimes d’un arrangement dont ni la démocratie ni les libertés ne sortiront gagnantes. »
« Les Printemps arabes avaient commencé dans l’enthousiasme et les proclamations de démocratie, soupire L’Alsace. Quand ils ne sont pas réprimés impitoyablement comme en Syrie, ils se poursuivent dans le retour aux valeurs les plus traditionnelles des sociétés musulmanes qui sont souvent les moins progressistes et les plus fermées. Un carcan a sauté, un autre, plus idéologique, se met en place. »
Le retour des petits caïds…
A la Une également ce lundi, la gueule de bois se poursuit après l’élimination des Bleus de l’Euro 2012… « Le changement c’est maintenant ! », s’exclame L’Equipe en Une, paraphrasant une récente formule politique. Seulement voilà, quel changement ? « Blanc doit-il rester ? Faut-il une grande lessive ? Nasri doit-il être mis au ban ? », s’interroge le quotidien sportif.
Le Parisien pointe les « trois principaux échecs du sélectionneur ».
Un : « l’absence d’équipe type : quatre matches dans cet Euro et quatre formations différentes. »
Deux : « un manque d’autorité : Blanc a sûrement surestimé sa capacité à gérer tous ces caractères dont certains n’ont pas toujours réagi avec intelligence ».
Trois, « Benzema abandonné », estime Le Parisien. « Benzema est le meilleur élément des Bleus. Et on n’a pas le sentiment que Blanc ait cherché à le mettre dans les meilleures conditions. »
Et puis il y a l’attitude de certains joueurs : « Nasri et Menez, roi du j’menfootisme », ironise Libération qui pointe, comme beaucoup d’autres, « le comportement désinvolte, voire grossier, du milieu de terrain et de l’attaquant tricolore avant et après la défaite face à l’Espagne. »
La presse régionale ne ménage pas non plus ses critiques… « Nos Bleus ont réussi le doublé. Les voilà champions d'Europe du 'footage' de gueule, soupire Le Progrès, deux ans après l’immémoriale conquête du titre mondial en Afrique du Sud. »
« Maintenant, c’est sûr, lance Le Journal de la Haute-Marne, les Nasri, Menez, M’Vila et autres starlettes à l’ego surdimensionné vivent dans un autre monde que le nôtre. (…) Il est grand temps de reconstruire, vraiment, sérieusement, quitte à laisser définitivement de côté ceux qui ne voient dans le football qu’une manière de se construire un plan de carrière. »
Enfin, L’Eclair des Pyrénées porte l’estocade… « La vérité c’est que nous avons à faire à de petits caïds aux poches bourrées d’argent et aux cerveaux remplis de suffisance. (…) C’est d’un éducateur que ces jeunes gens ont besoin. S’il n’est pas déjà trop tard pour remettre sur un semblant de droit chemin ces petits capricieux. »