La maison de négoce japonaise Marubeni s'offre le courtier en grain américain Gavilon

L'objectif pour la société de commerce nipponne : relier le grenier à céréales nord-américain au marché asiatique, en pleine croissance.

Marubeni n'est pour l'instant que la cinquième des maisons de négoce japonaises, les fameuses « sogo shosha ». Mais elle pourrait bientôt se mesurer à l'un des géants mondiaux du commerce des grains, l'Américain Cargill. En acquérant Gavilon, le troisième courtier en grains des Etats-Unis, le Japonais accède à une capacité de production et de stockage de céréales exceptionnelles en Amérique du Nord, le premier grenier du monde - les 30 millions de tonnes de Gavilon s’ajouteront aux 20 millions de tonnes de capacité propres de Marubeni. Et la maison nipponne a un débouché tout trouvé : l'Asie, grâce à son propre réseau de commercialisation. Il s'agit bien sûr de garantir l'approvisionnement du Japon, le premier importateur de céréales au monde, 25 millions de tonnes, loin devant l'Egypte. Mais aussi de se placer sur le marché très prometteur des céréales en Chine. La Chine est déjà le premier importateur mondial d'oléagineux, 58 millions de tonnes, mais elle commence aussi à accélérer ses achats de maïs (de l'ordre du million de tonnes). Marubeni a d'ailleurs pris les devants sur le terrain chinois en concluant un accord d'approvisionnement avec Sinograin, l'entreprise publique chinoise qui gère les réserves de céréales !

L'offre de Marubeni à Gavilon coûtera cher à la maison de commerce japonaise, déjà très endettée. Mais c'est le prix à payer pour acquérir une taille suffisante sur un marché des matières premières qui ne laisse plus beaucoup de place aux petits négociants, vite balayés par les fortes fluctuations des denrées, devenues quasiment la règle depuis dix ans. C'est aussi une nouvelle manifestation de l'offensive des compagnies japonaises à l'étranger, massive depuis plus d'un an, dans les mines, l'énergie, la bière... Il leur faut trouver d'autres sources de revenus depuis l'essoufflement du marché intérieur japonais. Et la force du yen par rapport au dollar leur permet d'assouvir pour l'instant cette nouvelle soif d'investissement à l'étranger, vingt ans après une autre aventure américaine, qui, elle, s'acheva sur un échec : l'acquisition du Rockefeller Center de New York par le conglomérat Mitsubishi.

 

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