La FAO mise sur le développement du manioc en Afrique sahélienne

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) finance l'amélioration des variétés de manioc qu'elle teste avec succès au Tchad. Le Nigeria souhaite quant à lui doper ses exportations de produits issus de cette plante à racine.

Le manioc est plutôt répandu en zone tropicale en Afrique, mais sa culture progresse d'année en année dans les zones plus sèches. « Sa rusticité le lui permet, sans même aucun apport d'engrais », souligne Philippe Vernier, du CIRAD. Ce mouvement vers le Nord est fortement encouragé par L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui y voit un atout pour assurer la sécurité alimentaire, étant donné que l'on peut étaler la récolte du manioc jusqu'à deux ans après la plantation. Lorsque les productions de céréales, mil ou sorgho, sont insuffisantes, ou lorsque leur commerce est bloqué, comme c'est doublement le cas cette année en Afrique sahélienne, le manioc pourrait donc être d'un grand secours. Il pourrait l'être aussi plus généralement en période de soudure, entre deux récoltes, pour que le stock de grains des autres céréales conservé pour planter la récolte suivante, ne soit pas consommé. Les expériences menées actuellement au Tchad semblent porter leurs fruits. Les nouvelles variétés sélectionnées au préalable par l'Institut international d'agriculture tropicale d'Ibadan, au Nigeria, apportent un complément alimentaire et une source supplémentaire de revenus aux paysans tchadiens. Les chercheurs veillent à ce que les boutures plantées soient saines, pour éviter la propagation des maladies, même si pour l'instant cette région d'Afrique est épargnée par les virus de la striure brune et de la mosaïque, qui font des ravages en Afrique orientale. Inconvénient du manioc, il n'apporte que des glucides, pas de protéines, explique Philippe Vernier. Le manioc ne peut donc pas se substituer totalement aux autres céréales, mais en revanche il pourrait fort bien remplacer partiellement le riz. A condition de le transformer bien sûr. Il faut sécher très rapidement le manioc sinon il devient vite immangeable. Les populations qui le consomment depuis toujours le transforment en cossettes, en farine ou en roulé, l'équivalent du couscous. Le Nigeria s'est fait une spécialité de cette transformation du manioc à un stade industriel. Avec 18 nouvelles usines, le géant ouest-africain espère exporter cette année plus d'1 million 300 000 tonnes de manioc séché. Les autorités nigérianes encouragent la promotion du pain de manioc, où la farine du tubercule entre jusqu'à 30 % dans le mélange de farine avec le blé.

Partager :