A la Une : élections sans passion en Algérie

A l’occasion des élections législatives, les Algériens, officiellement, ont été plus nombreux à voter que la fois précédente. Mais, selon le ministère de l’intérieur, c’est, sans surprise, dans le pays profond que la participation a, toujours officiellement, été la plus importante. Tandis qu’à Alger, la capitale, on ne s’est guère bousculé dans les bureaux de vote.

Ce qui fait dire à El Watan qu’à Alger, « les élections n’ont aucun sens et que les Algérois les ont boudé ».

Le journal affirme que ceux qui ont voté dans la capitale sont « des personnes âgées pour la plupart ». El Watan a ainsi rencontré une électrice octogénaire qui le confesse : « Je vote car je veux être réglo avec les autorités de mon pays au risque de ne pas pouvoir voyager ». Comme quoi les voyages forment la jeunesse !

Justement. Slate Afrique raconte l’histoire d’une jeunesse algérienne « qui ne croit plus en la chose politique ». Et cette histoire, le site Internet la relate à travers le succès d’une vidéo postée le mois dernier sur YouTube par un jeune Algérien qui, dans un rap aussi émouvant qu’improvisé, décrit la galère de la vie quotidienne des jeunes de son âge. Hichem, c’est son nom, a 31 ans, pas de logement, pas de femme, « pas de sécurité ». Pour Slate, ce jeune homme est un exemple de « ces jeunes Algériens qui défient le vieux président » Bouteflika.

Algérie : élections Inchallah !
 
En Alger, nombreux furent les électeurs qui, à leur grand étonnement le jour du vote, n’étaient pas inscrits sur les listes électorales. Le journal électronique Algérie Focus relate ainsi la mésaventure d’Amine, qui n’a pas pu voter hier. « Alors que j’en suis encore à prendre possession des bulletins, soudain…STOP !!! Nous n’avons pas trouvé votre nom, adressez vous au chef de centre », raconte Amine. Réclamation. « Par la fenêtre d’une salle, une jeune fille lui réclame sa carte d’électeur, tapote quelques secondes sur son ordinateur et tranche : “il n’y a pas votre nom, je suis désolée”. La jeune fille sort un cahier avec 5 ou 6 pages remplies de noms. Elle le brandit comme pour me prouver sa bonne foi, poursuit Amine :“Voilà Monsieur, tous ces gens sont dans la même situation que vous, nous ne pouvons rien faire…Vous voulez voter ? Revenez l’année prochaine Inchallah”. »

Alors « quel crédit accorder à ce scrutin, se demande Le Matin ? Il est manifeste que le pouvoir ne veut pas d’une opposition forte et populaire, mais juste des chefs de partis clientélistes, inféodés, et intéressés par les privilèges. Dans ce scrutin comme pour les élections précédentes, tout semble plié d’avance par le système. Une machine administrative tout entière acquise à l’alliance, au trio de partis gouvernement. Des médias publics quasiment privatisé au service des laudateurs du gouvernement. Ce soir, poursuitLe Matin, le ministre de l’Intérieur (…) viendra nous annoncer doctement (…) un taux de participation record ».

Justement. Sans attendre, El Moudjahid assure que, « quel que soit le résultat (…) de ces législatives, c’est l’Algérie qui aura gagné au final. (…) Hier une ambiance festive régnait en Algérie. C’était, en effet, la fête de la démocratie », se félicite le quotidien gouvernemental.

Tel n’est pourtant pas l’avis du journal Le Pays à Ouagadougou. Le quotidien burkinabé estime que si « le taux de participation était (…) une hantise pour le régime en place (…) la mayonnaise n’a pas pris (…) on a noté une très forte abstention. Or, ces législatives se sont déroulées dans un contexte post-printemps arabe. Une révolution qui a emporté des régimes en Tunisie, en Egypte et en Libye », rappelle Le Pays.

Guinée : l’opposition dans la rue
 
A Conakry, lesmanifestants ont massivement répondu hier à l’appel lancé par les deux grandes coalitions de l’opposition en prenant la rue et tenant meeting pour protester contre les conditions d’organisation des prochaines législatives. « L’accalmie politique consécutive au report des élections législatives aura été de courte durée, constate Guinée Conakry Info (…) Malgré quelques incidents ça et là (…) la marche de l’opposition a globalement pu se tenir, souligne le site Internet guinéen, qui relate le déroulement de cette manifestation. Les différents leaders en tête, le flot de manifestants s’est dirigé vers l’esplanade du stade du 28 septembre qui était le point de ralliement de la mobilisation. (…) Aussitôt, les discours ont commencé. Tour à tour, les différents leaders des partis politiques ont décoché les critiques les plus acerbes contre le pouvoir d’Alpha Condé mais aussi contre la Commission nationale électorale de Loucény Camara ». Et Guinée Conakry Info conclut en notant que les leaders de l’opposition ont réitéré leur volonté « de se battre jusqu’à obtenir gain de cause ».

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