Le charbon des Etats-Unis inonde l'Europe, où les prix s'effondrent

Les États-Unis sont redevenus le premier exportateur mondial de charbon : ils inondent le marché européen, où le prix du combustible s'effondre.

C'est une des conséquences du boom gazier aux Etats-Unis : plus qu'autosuffisants désormais en gaz pour faire tourner leurs centrales thermiques, les Américains ne savent plus quoi faire de leur... charbon ! Or ils sont le deuxième producteur de houille au monde, derrière la Chine, avec près d'un milliard de tonnes annuelles. Les groupes miniers américains envisagent de ralentir l'extraction, mais ils se tournent aussi massivement vers l'export.

Depuis quelques mois, les cargos de houille à destination de l'Europe se multiplient, ce qui fait plonger les prix. La tonne de charbon thermique livrée dans la zone d'Amsterdam-Rotterdam-Anvers (ARA) vaut moins de 90 dollars depuis le début de la semaine, elle en valait encore 120 dollars à l'automne dernier, 200 dollars en 2008. C'est que l’afflux de charbon nord-américain mais aussi colombien dans les ports européens, coïncide avec le ralentissement économique en Europe et une fin d'hiver très douce. De quoi faire stagner la consommation d'électricité, et donc la demande de combustibles fossiles pour les centrales thermiques. Et ce, malgré la fermeture des centrales nucléaires en Allemagne. Pour ce pays, les prix déprimés du charbon sont même une aubaine : l'Allemagne a augmenté sa consommation de charbon de 12 % depuis janvier ; elle se détourne du gaz, trop cher : en Europe les prix du gaz est indexé sur ceux du pétrole - ce qui mène d'ailleurs beaucoup de centrales à gaz du Vieux continent à la faillite en ce moment. Les producteurs européens d'électricité ont d'autant moins de scrupule à utiliser ce charbon pas cher mais polluant, que le prix de cette pollution, le quota de C02, est au plus bas lui aussi !

Le surplus de charbon américain ne provoque pas de déprime des prix uniquement en Europe, mais aussi plus modérément en Asie, où la tonne n’est plus qu’à 100 dollars : les États-Unis exportent beaucoup vers la Chine, leurs expéditions devraient doubler cette année. La concurrence avec le charbon australien, indonésien ou sud-africain est tenable pour le charbon américain, parce que le coût du fret est très bas.

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