Rio Tinto est surtout connu pour sa production de minerai de fer, de cuivre ou de charbon. Mais le troisième groupe minier mondial est aussi l'un des premiers producteurs de diamant. Rio Tinto possède en particulier la totalité du gisement d'Argyle, en Australie, la mine de diamant la plus productive au monde, en volume ; celle qui donne les célèbres diamants roses. Le groupe anglo-australien contrôle aussi la mine de Diavik au Canada, réputée pour la qualité de ses pierres ; le gisement de Murowa au Zimbabwe, ainsi qu'un projet d'exploitation en Inde. Tous ces actifs, Rio Tinto cherche désormais à les vendre. La production de diamant est devenue une activité dévoreuse de capitaux, car il faut investir des sommes de plus en plus colossales pour extraire les précieux diamants, comme en Australie, où plus de deux milliards de dollars seront nécessaires pour l'extension de la mine, qui va devenir souterraine.
Or Rio Tinto préfère investir des dizaines de milliards de dollars pour développer la production de fer, coeur de son activité. Les prix du diamant - même élevés et promis à un bel avenir à long terme, étant donné la demande croissante des pays émergents, et la progression très faible de l'offre mondiale de pierres - ne sont plus pour Rio Tinto une récompense assez belle pour justifier le maintien de l'activité dans le groupe, 5% uniquement de son chiffre d'affaires. D'autant que les prix du diamant flageolent depuis l'irruption de la crise européenne l'été dernier et le feu vert du processus de Kimberley au Zimbabwe, dont les pierres envahissent depuis peu le marché indien.
Entre l'envolée des coûts de production et l'accalmie des prix de vente, Rio Tinto a déjà vu les bénéfices de la branche diamant chuter de 80 % l'an dernier. Le géant minier n'est pas le seul à se séparer de ses activités diamantifères. Son concurrent BHP Billiton a déjà annoncé qu'il souhaitait se défaire du gisement d'Ekati, au Canada. Anglo American est désormais le seul groupe minier diversifié non seulement à conserver ses bijoux de famille mais à en racheter de nouveaux, puisqu'il a acquis 40 % du conglomérat De Beers, jusqu'à présent le maître incontesté du marché du diamant.