Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l’Ouest se réunissent ce jeudi et ce vendredi à Abuja pour discuter principalement de la rébellion touareg au Mali. Une initiative diplomatique dont se réjouit d’ores et déjà Le Républicain à Bamako. « Que la Cédéao entame des consultations pour trouver une solution sous-régionale mérite tout notre soutien, affirme le quotidien malien. Car toute la bande sahélo-saharienne se trouve actuellement affectée par les effets collatéraux de la crise libyenne. Cette solution doit par conséquent s’inscrire dans le long terme, parce qu’il ne faut pas trouver de solution immédiate juste pour mettre fin à la tuerie dans le nord, mais mettre en place un dispositif efficace et permanent qui tienne compte des réalités sur le terrain, pour éviter que le même problème se pose plus tard. »
Toutefois, pour Le Républicain, « le Mali ne doit pas attendre qu’une décision soit prise au niveau de la Cédéao, il doit intensifier ses actions pour protéger les populations, car, il s’agit bien entendu d’une légitime défense et de la préservation de son intégrité territoriale. »
Pour Le Pays au Burkina, « plus que de belles résolutions qui, comme à l’accoutumée, n’engagent que ceux qui y croient, parce qu’inapplicables, on attend de l’institution ouest-africaine un plan clair de sortie de crise pour permettre à ces milliers de Maliens déplacés de regagner rapidement leur patrie, et ce avec la garantie d’y vivre sereinement. L’espoir est donc permis, estime Le Pays, surtout que la Cédéao, on s’en souvient, avait donné l’image d’une organisation supranationale qui s’assume et qui sait prendre ses responsabilités, pendant les crises ivoirienne et nigérienne où, mutatis mutandis, deux présidents acculés, s’étaient mis à dos toute l’opinion internationale dans l’unique dessein de s’accrocher au pouvoir. Cet élan de fermeté avait été salué de tous, rappelle le quotidien burkinabè, et on attend toujours de l’institution une telle dynamique qui, en plus d’arracher de l’impéritie dans laquelle croupit l’UA, sa sœur aînée, lui donnera plus de crédibilité et de vitalité. »
Pas grand chose à attendre…
Analyse divergente pour le site d’information Guinée Conakry Infos. Guinée Conakry Infos qui ne croit guère à l’action de la Cédéao. « Ce ne pourrait n’être qu’une grosse montagne n’accouchant que d’une toute petite souris. On est d’avance convaincu que les différents Etats composant la Cédéao ont, chacun, d’autres chats à fouetter, explique le site guinéen. Pour chacun des pays de la sous-région, il y a des sujets intérieurs et des préoccupations internes qui justifient que la crise malienne ne soit pas la priorité des priorités. »
Guinée Conakry Infos précise : « pour le géant nigérian, Boko Haram et ses vagues meurtrières sont bien plus préoccupants. Pour la Côte d’Ivoire, réussir à sortir de la crise aussi bien politique qu’économique relève de l’urgence. En Guinée, l’incapacité à achever la transition, est une menace suffisante pour qu’on n’aille pas se préoccuper des attaques touaregs. Abdoulaye Wade, quant à lui, ne viendra tout simplement pas à ce sommet. Or, les autres pays ne pèsent guère lourd pour pouvoir imposer la crise malienne dans l’agenda du sommet. »
Du coup, avance Guinée Conakry Infos, « c’est certainement parce qu’elles ont pressenti cette hypothèse que les autorités maliennes ont entrepris d’user des grands moyens pour résoudre la crise qui les oppose aux combattants du MNLA. En effet, selon les informations disponibles, en début de semaine, l’armée malienne, dans une sorte de réaction d’orgueil, aurait infligé une lourde défaite aux touaregs dans la bataille de Tessalit. De l’avis des observateurs, relève le site guinéen, cette réaction était d’autant plus nécessaire que cette même armée malienne avait été couverte d’opprobre après les nombreuses défaites infligées par les troupes rebelles. »
Guerre de positions ?
Cette bataille de Tessalit est largement commentée ce matin dans la presse malienne. Plusieurs journaux parlent de victoire. « Tessalit enfin libérée », s’exclame le quotidien Le 22 Septembre qui cite les propos d’un officier supérieur malien : « nous avons eu recours à nos hélicoptères de combat et nous avons fait beaucoup de victimes du côté des rebelles, affirme-t-il, une centaine de mort, 75 véhicules et une cinquantaine de prisonniers. » Commentaire du journal : « la reprise de la localité de Tessalit est un tournant important dans la lutte que livre le Mali contre les bandits armés. Les stratèges militaires de notre armée nationale s’étaient donnés 6 semaines pour anéantir complètement les forces ennemies. Nous en sommes à la troisième semaine et le Mali vient de frapper un grand coup contre le MNLA. »
Et nous revenons au Républicain, beaucoup moins triomphaliste : « Tessalit représente un enjeu important tant pour l’armée que pour les rebelles, affirme-t-il. Entre “entrer impérativement à Tessalit” pour les militaires maliens, et “les empêcher d’entrer à tout prix” pour les rebelles, des combats d’une rare violence ont commencé lundi et se sont poursuivis mardi et mercredi. Malgré la perte de nombreux hommes dans ces combats, les rebelles ne veulent pas lâcher prise car ils savent que la bataille de Tessalit sera déterminante pour la guerre au nord. (…) La situation est tendue, relève encore Le Républicain, les combats font rage, et de part et d’autre, on ne lésine sur aucun moyen militaire. »