Trois autres sociétés avaient répondu à l'appel d'offres du gouvernement afghan mais à part le géant américain Schlumberger, il s'agissait d'opérateurs très mineurs, une compagnie pakistanaise, Shahzad International, et une petite compagnie britannique, Tethys Petroleum, incapables de concurrencer l'offre chinoise. La China National Petroleum Corp, s'est en effet engagée non seulement à payer des royalties de 15%, à laisser jusqu'à 70% des profits au gouvernement afghan, soit, selon les estimations de Kaboul, 5 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Mais elle construira aussi de toutes pièces une raffinerie. La fourniture de carburant et de bitume est en effet cruciale en Afghanistan, qui doit pour l'instant importer pratiquement tous les produits raffinés dont il a besoin, ce qui provoque des flambées des prix alimentaires lorsque les transports routiers sont bloqués par une pénurie de carburant. Et cela se produit régulièrement lorsque la frontière iranienne est fermée.
Avec la fourniture d'infrastructures incluses dans les contrats d'exploitation des ressources naturelles, la Chine réédite ce qu'elle a souvent fait en Afrique, et ce qu'elle a commencé à faire en Afghanistan il y a quatre ans, lorsqu'elle a remporté le méga-gisement de cuivre d'Aïnak, au sud de Kaboul, en promettant une centrale électrique et une voie de chemins de fer.
Pour l'instant la Chine met la main sur trois blocs pétroliers très mineurs du bassin de l'Amou Darya, au nord de l'Afghanistan, les réserves se monteraient à 80 millions de barils, mais c'est pour Pékin une façon de prendre date lorsque les gisements autrement plus abondants du bassin afghano-tadjik, plus à l'est, seront proposés aux enchères, peut-être dès février prochain. Cette fois, il s'agira de réserves de pétrole et de gaz évaluées en tout à plus de 3 milliards de barils équivalent pétrole.
Avec ses implantations en Afghanistan, la Chine maîtrise de façon croissante des ressources qui sont à moins de 700 kilomètres de sa frontière. Elle parie aussi sur le développement économique que ces importations pourraient apporter à sa turbulente province du Xinjiang.