A la Une : Boko Haram revendique les attentats au Nigéria

Dans la presse africaine, ce mardi, partout cette même stupeur après la série d'attentats qui a visé plusieurs églises au Nigeria le jour de Noël : « Le summum de la bêtise », titre Le Pays au Burkina Faso. « Outrage », titre The Vanguard au Nigeria. « C'est alors que nous sortions de la messe et que nous nous embrassions en nous souhaitant un « Joyeux Noël » que la bombe a explosé », raconte au journal une mère de famille blessée.

Des attaques revendiquées par la secte islamiste Boko Haram. Pourtant, rappelle Le Pays, « à sa création, ce mouvement de fondamentalistes avait affiché de nobles objectifs : lutter contre la corruption (...), les injustes privilèges des nantis ». Un groupe, « composé notamment de diplômés de l’université », précise El Watan en Algérie. Boko Haram « revendique [maintenant] des liens avec les milices islamistes Shebab et a annoncé son intention de lancer le Jihad avec ses militants entraînés en Somalie ». « Des hors-la-loi qui bénéficient du soutien d’une partie de la classe politique nigériane », affirme Le Pays au Burkina Faso, qui a « du mal à digérer l’installation du chrétien et sudiste Goodluck Jonathan comme président ».

« Le non-respect de la fameuse règle ethnico-régionaliste non écrite qui a instauré dans ce pays une gestion tournante du pouvoir d’État, [leur ] est resté en travers de la gorge ». Mais « en appuyant ces combattants irréguliers contre le pouvoir en place, conclut le quotidien, ils sont en train de creuser un trou » sur la route qui pourrait les mener au pouvoir.

Pouvoir virtuel en Guinée-Bissau

La presse guinéenne s’intéresse à l'attaque du siège de l'état-major des Forces armées en Guinée-Bissau. Cette attaque s'est soldée par un échec lundi, mais elle inquiète Guinéeconakry.info. Car « depuis la mort de l'ancien président Nico Vieira ce pays ne connait plus de quiétude ». Une « malédiction » aggravée par l'état de santé du chef de l’État. « Au-delà de cette dernière aventure des militaires bissau-guinéens, se pose toute la problématique de la virtualité du pouvoir dans ce pays ». Un pouvoir « soumis au bulletin de santé d'un président élu ». Pour le média guinéen, ce dernier « devrait honnêtement rendre le tablier pour incapacité de représentativité ».

Traque aux brebis galeuses

Direction maintenant la Côte d'Ivoire, où la presse locale s'interroge sur les violences survenues à Sikensi, à 60km environ d'Abidjan. « Une fête de Noël cauchemardesque », résume Le Patriote. « Transport inexistant, boutiques fermées, des pneus, des tables, des habitations en feu »... et une très forte présence policière. Tout est parti d'une simple altercation entre un jeune du coin et un élément des FRCI, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire. « Une affaire de femme », précise même le journal. Les deux hommes en viennent aux mains, le jeune tombe dans le coma et tout un quartier s’enflamme. Pour L’Intelligent, l’épisode incarne bien les excès des « hommes en tenue » qui ont soutenu Alassane Ouattara. « Bavures et actes de vandalisme ont écorné l’image de la grande muette ».

Alors on sait que le président a pris des mesures après des évènements similaires à Vavoua. D'ailleurs « le fait qu’il soit obligé lui-même de monter au créneau est un désaveu pour la hiérarchie militaire (...) incapable de mettre au pas [elle-même] les brebis galeuses », c'est l'avis de Soir Info. Résultat de cette politique : les fausses voitures estampillées FRCI sont bien traquées, une police militaire spéciale a été créée... A la Une de la presse ivoirienne, on trouve d'ailleurs en bonne place l'une des premières arrestations de militaires indélicats ; celle du commandant Coulibaly Dramane, un « bandit de grand chemin, tapis au sein des Forces Républicaines » surpris en plein braquage, écrit Le Patriote. Mais le problème est loin d'être réglé. L'Intelligent, rappelle la persistance « d'éléments voyous », de faux soldats.

Reste aussi, écrit Le Mandat, le cas de tous ces jeunes qui « ont arraché des armes aux policiers, pour combattre l’injustice » au plus fort de la crise postélectorale. Pour eux, le désarmement forcé passe mal. « Nous avons combattu pour sauver la démocratie. Aujourd’hui, on nous accuse de tous les péchés », se lamente l'un d'entre eux. Frustré, note le journal, il a « déposé son treillis défraichi, mais garde son arme chez lui à la maison ».

Le « J’accuse » du cacao

Pour finir, un bras de fer dont on parle beaucoup dans la presse aujourd'hui à la veille d'une réforme de la filière. Il oppose les transformateurs de cacao et les simples exportateurs. Jeune Afrique explique que ces derniers s’insurgent contre la fiscalité sur le cacao qui avantage les premiers. Ces subventions sont « en vigueur depuis une vingtaine d'années », écrit Le Nouveau Réveil.

Elles permettent aux transformateurs ─ des géants américains, suisse ou le français Cémoi ─ d'avoir « de meilleurs prix d'achat et d'acheter 65% de la production locale ». Les transformateurs locaux se rebiffent dans une lettre en forme de « J'accuse », publiée dans plusieurs journaux, commeL’Intelligent. Dans cette missive envoyée au ministre ivoirien de l'Agriculture, ils demandent que cet avantage fiscal soit supprimé ou à défaut « attribué aux paysans ivoiriens ».

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