A la Une : AAA !

Trois petites lettres qui peuvent faire et défaire des gouvernements… L’agence de notation Standard & Poor’s menace donc de dégrader la note des bons élèves de la zone euro.

« Au bord du gouffre », s’exclame France Soir.
« Toute l’Europe sous pression », s’alarme La Croix.
« La zone euro prend une grosse claque », renchérit La Nouvelle République.
« Standard & Poor’s nouveau patron de la zone euro », constate La Tribune.
« Le diktat des agences de notations », déplore La Marseillaise.

« Sarkozy peut-il s’en remettre ? », s’interroge Libération. En effet, constate le journal : « Nicolas Sarkozy et Angela Merkel annoncent, satisfaits et en grande pompe, leurs projets européens ? Quelques heures plus tard, une agence de notation les balaye et les ridiculise, en plaçant la zone euro sous surveillance négative. Au schéma fondateur de la démocratie succède désormais une nouvelle organisation des forces, brutale, estime Libération : un nouveau pouvoir, économique, sans contre-pouvoir capable de le limiter ni même de le réguler, domine tous les autres et dicte sa loi. »

L’Humanité s’insurge : « on assiste à un événement sans doute inédit dans l’histoire de la France et de l’Europe modernes : une sorte de coup d’État à froid, réalisé par un commando de petits soldats anonymes des agences de notation, pour le compte des marchés financiers. Les puissances des ténèbres – les puissances du capital financier – avaient déjà soumis et brisé l’institution politique à Athènes et ailleurs… Hier, elles ont pris symboliquement le pouvoir à la tête de toute l’Union européenne. »

La Montagne en rit jaune : « à quoi ça sert que “Merkozy” se décarcasse si c’est pour perdre son AAA ? La décision n’est pas encore prise, mais l’oracle négatif de l’agence de notation résonne déjà comme une annonce. Pour le couple franco-allemand, à la manœuvre quotidienne et quasiment nuit et jour pour sortir la zone euro du pétrin, il y a de quoi en avoir gros sur la “kartoffel” (entendez : la patate…) ! »

Un mal pour un bien ?

Autre point de vue : pour Le Figaro, cette mise en garde n’est finalement pas une si mauvaise nouvelle que ça… « Un mal pour un bien », affirme le journal. « Voilà les Européens au pied du mur, sommés de cesser leurs chamailleries et contraints à deux obligations de résultat non négociables. La première est de se doter d’un cadre politique et institutionnel rénové. (…) La deuxième obligation incombe à chaque pays et consiste, chacun chez soi, à lutter sans relâche contre le déficit public. »

Analyse similaire pour Les Echos : « C’est un service insigne que S&P vient de rendre à la zone euro. A l’aube d’une semaine capitale, cette alerte accroît en effet l’obligation de résultat des dirigeants européens. »

« A quoi joue Standard & Poor’s ? », s’interroge La République du Centre. « Sa mise en garde apparaît inopportune au lendemain d’un accord franco-allemand témoignant d’une prise de conscience réelle bien que tardive. À moins qu’il ne s’agisse, à deux jours d’un sommet européen capital, de provoquer un sursaut salutaire des Vingt-Sept. Stratégie un tantinet cynique qui consacrerait la soumission des gouvernements aux diktats des marchés. »

Une offensive US contre l’euro ?

Et puis, autre hypothèse soulevée par plusieurs journaux ce matin, à commencer par la Voix du Nord : « la dernière sortie de Standard & Poor’s a de quoi alimenter la “théorie du complot“ américain contre l’euro. »

En effet, s’interroge Sud Ouest, « à quoi jouent les agences de notation ? Ne seraient-elles pas l’instrument d’une offensive plus sournoise contre l’euro ? Ne servent-elles pas de cheval de Troie aux banques ou aux investisseurs américains qui auraient décidé d’en finir avec la monnaie européenne, cette monnaie arrogante qui a menacé la suprématie du dollar et lui dame encore le pion ? On peut se poser la question après cette sidérante annonce de l’agence Standard & Poor’s menaçant de dégrader tous les pays de la zone euro. »

Pour L’Union, c’est clair : « on est désormais face au scénario idéal d’un complot à tiroirs dont la finalité est de semer la zizanie au cœur de l’Union européenne pour mieux faire oublier les problèmes colossaux de l’endettement des États-Unis. (…) Les gestionnaires des fonds US travaillent bel et bien contre la zone euro. La Maison Blanche ne doit pas avoir deux discours, relève encore L’Union. Elle ne peut pas afficher une diplomatie vertueuse vis-à-vis de ses interlocuteurs européens et se ravir des mines posées à tour de rôle par Standard & Poor’s et Moody’s et Fitch comme des torpilles lancées contre les gouvernements dont on dénonce l’indécision alors même qu’ils prennent des options politiquement difficiles. »

 

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