Le palladium caracolait encore à 860 dollars l'once en février dernier, il vaut à peine 600 dollars aujourd'hui. L'an dernier, ce métal précieux, principalement produit en Russie, était le chouchou des traders et des investisseurs. L'industrie automobile avait renoué avec une croissance vigoureuse, or le palladium est un métal indispensable aujourd'hui dans les pots catalytiques des voitures à essence. Mais depuis l'été et l'aggravation de la crise de la dette en Europe, les perspectives sont beaucoup plus sombres pour la construction automobile, dont la croissance ralentit désormais dans les pays émergents, où elle était la plus prometteuse.
Le palladium subit donc le désamour des négociants et des investisseurs. Un désamour d'autant plus brutal que ce métal précieux est surtout identifié pour son usage industriel. Il n'a pas comme l'or, de valeur refuge. Il n'a pas non plus la même réputation que les autres métaux précieux en bijouterie : la moitié de l'or est transformé en bijoux, le tiers du platine, mais seulement 6 % du palladium aujourd'hui. La proportion était pourtant montée à 12 % en 2008 et l'usage du palladium en bijouterie avait encore fortement progressé en 2009 et au début de 2010, les autres métaux précieux devenant inaccessibles pour les consommateurs plus modestes. C'est ainsi que la Chine était devenue le premier marché du palladium en bijouterie, avec les Etats-Unis.
Mais le rapport image-prix du métal blanc n'est plus aussi avantageux : le palladium, toujours considéré comme le « platine du pauvre », « l'or blanc » moins pur que l'or véritable, a beau avoir perdu 25 % de sa valeur depuis janvier, il reste encore 60 % plus cher qu'au début 2010. Les tous petits budgets préfèrent donc se tourner vers le titane ou le zirconium.
Le spécialiste des métaux précieux Johnson Matthey prévoit cette année une baisse de 8 % de la consommation de palladium en bijouterie en Chine, une chute de 30 % aux Etats-Unis. Au point qu’une ancienne star américaine de feuilletons télé, Pamela Anderson, vient d'être chargée de redorer l'image du palladium aux Etats-Unis, pas sûr que ses arguments suffisent à inverser la tendance ! C'est décidément une reprise vrombissante de l'industrie automobile qui pourrait faire repartir les cours, mais elle est pour l’heure fort peu probable, elle aussi.