Toutes les « majors » pétrolières ont subi une baisse de leur production au troisième trimestre, du fait d'un vieillissement des gisements, et de la suspension des opérations en Libye. Certaines comme Conoco Philips ont aussi subi des arrêts prolongés de l'exploitation en mer du Nord, en Alaska, et au large de la Chine. BP s'est, de son côté, vu freiné par l'arrêt des opérations dans l'offshore profond du golfe du Mexique. Les compagnies sont conscientes qu'elles vont devoir accroître leur production considérablement au cours des mois qui viennent, car les ventes de pétrole ne seront pas aussi lucratives, à l’avenir. Mais en attendant, elles enregistrent encore des profits record au troisième trimestre.
L'envolée des prix du baril, qui ont progressé de moitié entre le troisième trimestre 2010 et celui de cette année, est passée par là. Exxon Mobil affiche ainsi plus de 10 milliards de dollars de bénéfices, contre 7 milliards et demi l'an dernier. Mais c'est Shell, le numéro un européen, qui surprend le plus avec 7 milliards de dollars de profits, deux fois plus qu'au troisième trimestre 2010. Le Français Total enregistre 4 milliards de dollars de bénéfices, en hausse de 24 % par rapport à la même période l'an dernier. C'est cependant pour BP que la progression est la plus spectaculaire : 5 milliards de dollars au troisième trimestre, quand elle n'était que d'1,8 milliard l'an dernier et surtout sur les neuf premiers mois de 2011 des gains de 17 milliards et demi quand le groupe britannique enregistrait des pertes de 9 milliards de dollars l'an dernier.
C'était six mois après la catastrophe du puits Macondo, BP avait alors dû provisionner 41 milliards de dollars pour alimenter un fonds de dédommagement aux victimes de la marée noire. Aujourd'hui, cette dépense a été surmontée et le ciel semble s'éclaircir pour BP, après plusieurs bonnes nouvelles : Anadarco, le co-propriétaire du gisement, a accepté de verser 4 milliards de dollars au fonds d'indemnisation ; un des anciens partenaires de BP en Russie a renoncé à ses poursuites et, mercredi dernier, la compagnie britannique a obtenu le feu vert pour explorer à nouveau dans le golfe du Mexique, à près de 2 000 mètres de fond, soit encore plus profondément que sur le puits Macondo. Reste encore à connaître le verdict du Département américain de la Justice, qui devra dire si oui ou non BP a fait preuve de négligence ayant entraîné l'explosion de la plateforme, il y a dix-huit mois.