Globalement on s'attend à ce que les stocks de coton se reconstituent au niveau mondial, les récoltes devraient être record en Australie et au Brésil, cette année. C'est dans l'hémisphère nord, que la qualité et la quantité inquiètent : aux Etats-Unis, le premier exportateur mondial, le coton a d'abord souffert de la sécheresse au Texas, puis des tornades tropicales dans le sud du Midwest, qui menacent de pourrir la fibre. Au Pakistan, la mousson très forte a de nouveau endommagé les stocks et la production. Ces mauvaises nouvelles font remonter les cours du coton : ils ont regagné 10 % en un mois à New York, 6 % au cours de la semaine écoulée.
Ce regain intervient après une forte dépression des cours, cet été. Ils ont tout de même perdu la moitié de leur valeur depuis le pic de mars dernier, 2 dollars 27 la livre, un record de tous les temps. Ce pic avait été atteint parce que les acheteurs, effrayés par l'envolée continue des cours, avaient attendu la dernière limite pour couvrir leurs achats printaniers de coton, ils espéraient une baisse des cours qui n'a pas eu lieu. Résultat, y compris les plus grands groupes textiles se sont fait piéger et ont dû rogner leurs marges. Que dire des petits sous-traitants qui travaillent à façon au Bangladesh : leur carnet de commande s'est vidé, et du coup beaucoup n'ont pas pris livraison de leur marchandise.
Jusqu'au 20 août, la demande de coton s'est donc tarie. Mais depuis un petit mois, elle repart : les filateurs ont pu à nouveau exporter leur stock de filé. Cependant les acheteurs, échaudés, sont très prudents, ils acquièrent de petites quantités au fur et à mesure des besoins. Cette demande au fil de l'eau peut-elle s'accélérer ? Tout dépendra de la Chine, dont on connaît mal l'état de la production et des stocks. Mais aussi de l'aggravation ou non de la crise économique de par et d'autre de l'Atlantique, à même de ralentir les achats textiles des consommateurs. Etant donné toutes ces incertitudes, le cours actuel du coton, 1 dollar 10 la livre, est finalement encore élevé. Il n'était qu'à 50 cents au printemps 2009.