A la Une : un nouvel homme à la tête du Conseil constitutionnel ivoirien

« Yao N’Dré débarqué », « Yao N’Dré out », « Wodié prend le pouvoir ». La plupart des journaux ivoiriens titrent sur la nomination hier de Francis Wodié à la tête du Conseil constitutionnel, en remplacement de Paul Yao N’Dré. Ce dernier était considéré comme l’un des responsables de la crise postélectorale pour avoir proclamé Laurent Gbagbo vainqueur à la présidentielle. Pour Fraternité Matin, Alassane Ouattara a donc fait « le choix de l’intégrité morale ». Mais pour le journal d’opposition Notre Voie, « c’est un coup d’État », « une violation de la loi fondamentale » car le mandat de Yao N’Dré n’est pas allé à son terme (2014).

(Yao N’Dré )  Infréquentable ?

« Lentement mais sûrement, écritL’Observateur, Alassane Ouattara est en train de rassembler les éléments du puzzle de son pouvoir ». Avec une certaine retenue, estime le journal burkinabè, qui explique que « Yao N’Dré a été « chassé » avec la manière ». « Ce n’est pas trop tôt, estime un autre journal burkinabè, Le Pays. Car malgré son virage à 180 degrés, pour reconnaître a posteriori la victoire d’Alassane Ouattara (...), Paul Yao NDré était devenu infréquentable. Il a inscrit de façon irréversible, pense le journal, son nom dans le triste répertoire des fossoyeurs de la démocratie en Afrique ».

« Vieux briscard »

La presse du continent donne quelques éléments sur son successeur, Francis Wodié. L’Inter restitue sa toute première déclaration, « la voix brisée par l’émotion » : « Nous devons nous attacher, dit-il, à restituer [au Conseil constitutionnel] son honneur et sa crédibilité ». Francis Wodié, ce « vieux briscard de la politique (fondateur du Parti des travailleurs ivoiriens, le PIT, et du syndicalisme, et surtout, redoutable constitutionnaliste », note L’Observateur au Burkina Faso. « L’homme avait été candidat à la présidentielle de 2010 pour le compte du PIT dont il vient d’abandonner la présidence, précise le portail burkinabè Fasozine. Arrivé en sixième position, il avait alors soutenu Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo ». Une étiquette politique qui pourrait être un handicap si l’on en croit Le Pays. « Saura-t-il agir en juge indépendant soucieux avant tout de l’intérêt national ? Ou alors se sentira-t-il redevable au chef de l’État qui l’a porté aux cimes de l’honneur ? En revêtant la robe de président du Conseil, il doit quitter l’arène de la politique partisane ».

Magic System au secours des musiciens exilés

On reste quelques instants encore en Côte d’Ivoire, avec cet autre article du Pays, au Burkina Faso, pour qui la réconciliation « passe aussi par la musique ». On a tendance à parler uniquement des hommes politiques, des militaires qui ont soutenu ou conspué l’ancien président Gbagbo pendant la crise électorale et moins des musiciens qui se sont eux aussi engagés politiquement. Certains, comme Gadji Céli ou Serges Kassy, se sont exilés. Et d’après le journal, pas de réconciliation possible sans eux. Le fameux groupe Magic System, fait « des pieds et des mains pour que ces personnes reviennent en Côte d’Ivoire sans être inquiétées ». Le groupe emblématique ivoirien ambitionne « d’organiser une caravane de la paix des artistes-musiciens à travers la Côte d’Ivoire ». Leur démarche a déjà amené leur ancien manager, Angelo Kabila, à rentrer tout récemment du Bénin où il s’était exilé.

Rencontre avortée en Guinée

Nous vous parlions hier, dans cette revue de presse, des espoirs des journaux guinéens autour de la première rencontre entre pouvoir et opposition. Elle a finalement été reportée sine die. « Aucune explication officielle n’a été fournie (...) pour justifier le report de cette rencontre qui s’annonçait cruciale pour la reprise du dialogue », écrit Africaguinée.com. Il devait contribuer à aplanir les divergences, notamment sur le mode de renouvellement ou de révision du fichier électoral à l’approche des législatives. « Ce report pourrait se justifier par une volonté de mieux préparer la rencontre, estime GuinéeConakry.info, la tentative d’assassinat du chef de l’État, étant venue bouleverser tous les scenarii politiques guinéens ». La radio Kibarou indique par ailleurs sur son site internet « que suite aux arrestations enclenchées après l’attaque, quelques responsables de ce collectif des partis politiques ont décidé de vivre sous le même toit par mesure de sécurité ».

Nouvelles inquiétudes

La presse guinéenne souligne aussi cette déclaration, le même jour, d’Alpha Condé. Le président affirme que plusieurs leaders politiques et des hommes d’affaires ont été dénoncés par les personnes arrêtées suite à l’attaque de sa résidence il y a une semaine. « Des propos qui secouent la cité », écrit GuinéeConakry.info. Le président a voulu rassurer, poursuit le journal, en affirmant que le procureur de la République va mener l’enquête, qu’un tribunal militaire ne sera pas créé. « Mais cette fermeté, juge le journal en ligne, sème une certaine confusion Ces paroles donnent une allure jusqu’auboutiste au chef de l’État, et du coup, freine l’élan de sympathie que beaucoup dans l’opposition commençaient à manifester ». « La gestion du pouvoir politique en Guinée (...) a toujours laissé un goût amer, explique Kibarou.com, fragilisant du coup le tissu social pour observer un repli identitaire effrayant des communautés ethniques. (...) Les autorités se doivent [aujourd’hui] de gérer avec lucidité et intelligence cette situation de putsch en mettant de côté toute forme de règlement de compte ».

 

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