La situation est très inconfortable pour la Banque européenne d'investissement. Cette banque publique finance le secteur privé dans l'Union européenne, mais aussi dans les pays ACP et c'est à ce titre qu'elle avait prêté il y a six ans, 50 millions d'euros à la filiale de Glencore en Zambie, Mopani Copper Mines, pour moderniser les installations d'extraction du cuivre à Mufulira et les rendre officiellement moins polluantes.
Le cuivre est en effet extrait non par des appareils de forage classique, mais par dissolution chimique du minerai à l'aide d'acide sulfurique introduit dans la roche, ce qui libère de l'oxyde de souffre, très toxique. L'appel à la Banque européenne d'investissement avait pour but de mettre les installations aux normes sur l'un des deux fours de fusion, ce qui a permis, affirme la Banque, de diminuer les émanations de moitié. Mais il reste encore à mettre aux normes le four de fusion secondaire, le démarrage des travaux, qui n'avaient pas de financement européen, a été repoussé du fait de la crise. En 2015, aurait promis Glencore, il ne devrait plus y avoir du tout d'oxyde de souffre dans l'air.
Mais en attendant, une association zambienne, le Center for Trade Policy and Development et des ONG étrangères, Les Amis de la Terre, Counter Balance et Sherpa accusent Glencore, non seulement de pollution, mais d'évasion fiscale aux dépens de la Zambie. Les autorités de Lusaka avaient commandé un rapport d'audit fiscal à deux cabinets d'experts internationaux, Grant Thornton et Econ Poyry, dont une ébauche préliminaire a fuité il y a quelques mois : Glencore aurait vendu son cuivre à une autre filiale du groupe à des prix très inférieurs à ceux du marché international, lésant au passage les finances de la Zambie.
La Banque européenne d'investissement, déjà interpellée par 50 députés européens la semaine dernière sur ses financements au secteur minier en Afrique, n'a pas pu résister longtemps aux pressions médiatiques, elle vient d'annoncer qu'elle avait lancé une enquête sur les allégations d'évasion fiscale et transmis le dossier à l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf). Elle ne prêtera plus à Glencore jusqu'à nouvel ordre, mais aurait-elle jamais dû le faire, étant donné la fortune de ce groupe et sa réputation depuis toujours... sulfureuse ?
A voir :
Zambie : A qui profite le cuivre ? (2011), le documentaire d’AUDREY GALLET et ALICE ODIOT,
visionnable jusqu’au 7 juin 2011
A lire :
Le communiqué de la Banque européenne d’investissement (BEI)
Les communiqués des ONG:
Les Amis de la Terre
Counter Balance