Le rapport est innovant car il introduit un outil homogène pour mesurer le taux de recyclage des métaux. Les conclusions sont sans appel : sur 60 métaux scrutés, seuls 18 sont recyclés à plus de 50 %. Parmi eux le plomb, le fer, l'acier, l'aluminium, le cuivre, le nickel, le zinc ou le titane. Le taux de recyclage plonge ensuite très vite, jusqu'à moins d'1% pour 34 métaux pourtant devenus indispensables aujourd'hui, comme l'indium qui revêt les écrans plats, le sélénium des panneaux solaires ou encore les différentes terres rares utilisées dans les lampes nouvelles génération, dans les batteries des voitures hybrides ou dans les aimants des moteurs d'éoliennes.
« Sans ces métaux, les ordinateurs seraient plus lents, les images médicales plus floues, les avions plus lourds et plus lents », résume un des rapporteurs, Thomas Graedel, professeur d'écologie industrielle à l'université de Yale. Leur usage va donc croissant alors que l'offre de métal s'essouffle. Il faut charrier trois fois plus de minerai qu'il y a cent ans pour en extraire la même quantité de métal, avec la consommation d'énergie que cela sous-entend. Par ailleurs, les restrictions se multiplient sur le commerce de certains métaux, comme l'antimoine et les terres rares, dont la Chine restreint les exportations, faisant s'envoler les prix.
Le rapport encourage la constitution dans les pays occidentaux de nouvelles filières de collecte et de recyclage spécifiques. Pour l'instant les ordinateurs que les particuliers rapportent au distributeur d'électroménager se retrouvent souvent mélangés aux grille-pain. Le recyclage a réellement lieu en Chine et dans les pays pauvres, dans les pires conditions. Les facteurs de rareté et de prix devraient accélérer les choses. On récupère depuis peu les terres rares, en plus du verre, dans les lampes à basse consommation, une filière organisée par Recylum en France. En revanche on ne sait pas encore recycler le germanium ou le gallium des diodes. Du travail en perspective pour les nouvelles générations d'ingénieurs !