Du gaz iranien bientôt vendu à l’Irak pour ses centrales électriques

L'Iran vient de signer un protocole d'accord avec l'Irak pour lui fournir du gaz. Un gaz destiné à fabriquer de l'électricité pour la capitale irakienne, confrontée aux pénuries de courant.

L'Irak produit des hydrocarbures, mais plus assez de gaz pour ses propres besoins. « Autrefois, rappelle Pierre Terzian, de Pétrostratégie, l'Irak fournissait du gaz au Koweït. Aujourd'hui il a besoin de tout son gaz pour alimenter les centrales électriques et produire du courant ». Les pannes du réseau électrique irakien sont un des plus graves problèmes du pays - économique mais aussi politique, puisque les délestages ont été à l'origine de manifestations qui ont dégénéré l'été dernier.

En attendant le développement des nouveaux gisements gaziers, comme celui de Mansuriyah, qui ne devrait pas entrer en production avant 2015, l'Irak cherche donc à se procurer du gaz par tous les moyens. Un accord avec Shell est en cours de négociation pour que la major anglo-néerlandaise aide South Gas, la compagnie publique du Sud irakien, à récupérer le gaz qui sort des puits de pétrole, et qui est d'habitude torché, brûlé, et donc perdu.

Surtout, si le protocole d'accord signé dimanche 22 mai se concrétise, l'Irak devrait acheter au prix du marché international 25 millions de m3 de gaz par jour à l'Iran. Téhéran fournit déjà la moitié du courant électrique importé par l’Irak. Cette fois ce serait 9 milliards de m3 de gaz par an pour alimenter deux centrales électriques au nord de Bagdad.

Ce projet de gazoduc Iran-Irak est dans les cartons depuis près de deux ans, il vient consolider des relations qui se sont grandement améliorées entre les anciens ennemis, depuis la chute de Saddam Hussein. Et il intéresse au plus haut point l'Iran, pour qui vendre du gaz à l'Irak permettrait ensuite d’atteindre le marché syrien, puis la Méditerranée et donc l'Europe.

Les Etats-Unis ne voient pas forcément d'un bon œil que Téhéran développe ses exportations d’hydrocarbures, mais les graves problèmes électriques qu'ils ont constatés en Irak depuis qu'ils occupent le pays devraient selon Francis Perrin directeur de publication de Pétrole et gaz arabes, peser davantage dans la balance que leur volonté de sanctionner Téhéran. Le projet pourrait devenir réalité d’ici un an et demi, selon les prévisions très optimistes du ministre irakien de l’Electricité.

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