Les métaux précieux n'ont pas été épargnés : l'or est enfin redescendu de son piédestal, sous les 1 500 dollars l'once. Mais c'est l'argent qui a le plus plongé, une chute vertigineuse de 30 % en une semaine !
C'est d'ailleurs le métal gris qui a donné le signal du repli, dès lundi dernier. Les investisseurs ont déserté cette valeur après le relèvement des dépôts de garantie imposés sur le marché à terme du métal précieux, qu'il devenait ruineux de conserver.
Le mouvement s'est ensuite propagé à toutes les matières premières, amplifié par les ordres de vente automatiques, à mesure que les mauvaises nouvelles s'accumulaient sur l'état de santé de l'économie aux Etats-Unis et en Allemagne. Autant de menaces sur la demande de produits de base, alors que les pays émergents freinent de leur côté le crédit, nécessaire à leur acquisition.
L'estocade pour les matières premières fut la déclaration, jeudi, de Jean-Claude Trichet, le président la Banque centrale européenne : en repoussant la perspective d'une hausse des taux d'intérêts en Europe, il a fait chuter l'euro face au dollar. Un dollar élevé contrarie les achats de matières premières envisagés par les possesseurs d'autres devises. Sur la seule journée de jeudi, le complexe des matières premières a perdu 5%, son plus gros revers en une séance.
Maintenant la question est de savoir si cette dégringolade générale est une correction ponctuelle ou la fin du nouveau « super-cycle » des matières premières. Etant donné le redémarrage de la demande de métaux en Chine malgré le resserrement monétaire, étant donné la persistance des contraintes géopolitiques sur l'offre de pétrole, étant donné enfin la menace climatique sur les prochaines récoltes de céréales, alors que les stocks sont au plus bas, le répit devrait être de courte durée.