C'est d'ailleurs la dégradation de la dette américaine par l'agence de notation Standard and Poor's qui a permis à l'or de franchir le cap des 1 500 dollars. Mais l'or n'est pas isolé des autres matières premières qui ont parfois bénéficié d'un engouement encore plus grand, que ce soit l'argent, le pétrole, le maïs, le café ou le coton, souligne Alain Corbani, du fonds d’investissement Commodities Asset Management. Car ce sont les investisseurs financiers qui achètent de l'or, les fonds indiciels, les institutionnels et les banques centrales, surtout en Chine et en Inde.
Les particuliers, eux, ne peuvent plus se permettre d'acquérir le métal précieux. Au contraire, ils revendent leurs bijoux ; des filières s'organisent, par correspondance ou sous la forme de réunions à domicile ! A grande échelle parfois, comme au Vietnam, devenu la première source de bijoux expédiés en Suisse, pour qu'ils soient fondus, les banques vietnamiennes n'ayant plus le droit de faire sortir de lingots. Cette évasion des capitaux qui ne dit pas son nom permet de contourner la dévaluation du dong, la monnaie locale.
Du côté des ressources, on observe un retour de l'orpaillage clandestin et une ruée des groupes miniers vers les gisements à faible teneur, qui semblaient impossibles à exploiter il y a encore dix ans, quand l'or valait trois fois moins cher. Un demi-gramme d'or par tonne de minerai brassé, et la mine est rentable, souligne Christian Hocquard, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Mais la pollution est aussi plus grande vu la quantité de déchets et la consommation de carburant pour les engins. Bientôt, l'or sera exploité non plus en sous-produit mais en co-produit du cuivre, comme au Pakistan, où le numéro un mondial de l'or, le Canadien Barrick, s'est associé au Chilien Antofagasta, spécialisé dans le cuivre, pour exploiter le même gisement.