Nicolas Sarkozy se rend ce mardi 19 avril 2011 dans les Ardennes pour parler emploi et salaires. Le président français revient, près de cinq ans après son fameux discours. Vous vous souvenez du slogan « travaillez plus pour gagner plus » ? C'était déjà à Charleville-Mézières, en décembre 2006... Une promesse que, depuis, le président cherche à honorer. « Sarkozy sur les lieux de ses mensonges », n'hésite pas à titrer en Une L'Humanité, qui consacre trois pages à « cette France qui souffre et qui aujourd'hui accuse ».
Alors, que nous concocte le chef de l’État cette année ? C'est la question posée par la presse française aujourd'hui. Question programme, « Nicolas Sarkozy n'ira pas se recueillir au cimetière des 148 emplois détruits chez Porcher à Revin, note L'Humanité. Il ne se rendra pas non plus à Electrolux, menacé de délocalisation. Il ne s'affichera pas davantage aux côtés des ex-métallos de Lenoir et Mernier, victimes d'un patron voyou ». On sait simplement qu'il visitera une fonderie.
« Noël en avril »
La presse française profite de ce déplacement pour commenter le projet de prime du président Sarkozy. Une prime de 1000 euros pour les salariés des entreprises du CAC 40 qui reversent des dividendes à leurs actionnaires. « Cumulés, les profits des 40 plus grosses entreprises cotées ont atteint 83 milliards d'euros pour 2010, soit un bond de 85% par rapport à 2009 », rappelle La République des Pyrénées. Mais cette mesure est assez floue pour l'instant ; c'est un « un ovni », titre même France Soir. Une prime qui tombe à point nommé, à un moment où la majorité présidentielle est en difficulté. C'est « Noël en avril », ironise L'Est Républicain.
Problème, « avec ces faux airs de mesure électorale, la prime à 1000 euros a déjà fait pschitt », juge Le Progrès. Elle a « l'odeur du lapin faisandé », renchérit Le Télégramme.
D'abord, on ne sait pas si elle sera obligatoire et surtout on ne sait pas encore qui la touchera vraiment. « 30% [ des salariés] », s'interroge La Charente Libre ? « Moins de 10% ? Personne n'en sait rien ». Pour Libération, c'est « l'improvisation en prime ». Son éditorialiste, Nicolas Demorand, déplore que ne soient pas concernés les sous-traitants de ces grandes entreprises, mais aussi les salariés de toutes les autres PME, les smicards et les fonctionnaires dont les salaires risquent d'être gelés. « Pour tous ceux-là, c'est-à-dire pour la majorité: rien ». Libération conclut que cette prime « censée rétablir l'équité dans le partage des richesses (...) risque fort de déboucher (...) sur un sentiment d'injustice (...) et une division de plus entre les Français ».
Retraites dorées
En parallèle, France Soir s'intéresse en Une aux revenus en or des retraités de la politique. «Alors que le montant moyen des retraites est de 1.196 euros en France, nos hommes politiques à la retraite touchent des pactoles », écrit le quotidien. En tête : Michel Barnier. Actif, tout en étant jeune retraité, le commissaire européen aux Finances et au Marché européen empoche 32.728 euros brut par mois [voir encadré de réponse de la commission européenne ci-dessous]. Il se place devant l'ancien président Jacques Chirac, avec 31.000 euros, et le socialiste Jacques Delors, qui ne touche que 14.000 euros. « Tous ces ténors de la politique cumulent le plus souvent une activité politique rétribuée, une pension parlementaire, une de fonctionnaire et une troisième d'élu local », explique France Soir. Soit, en gros, jusqu'à 24 fois le SMIC. Ces politiciens ne sont pas concernés par l'interdiction du cumul des retraites, qui ne prendra effet qu'en 2012, rappelle le journal. Dernière petite précision de France Soir : « cinq de ces rois de la République ont droit à une voiture avec chauffeur... à vie ».
Mariage anti-pub
Un papier du Figaro Economie, ce mardi, s’intéresse enfin au grand mariage princier qui se tiendra au Royaume-Uni le 29 avril prochain. Le prince William épousera en grande pompe sa belle, Kate Middleton. Une cérémonie qui va bouleverser les programmes télé en France, notamment ceux de TF1 et France 2 qui proposeront des éditions spéciales. Mais « noblesse oblige, explique Le Figaro, les diffuseurs renoncent ou raréfient à cette occasion les écrans publicitaires ». Cela ne représente pas moins de sept pages de pub en moins pour TF1, soit un manque à gagner de 750.000 euros tout de même.
Mais pas question de décevoir les Français, très friands de grands mariages. Celui de Felipe d'Espagne et de Letizia avait totalisé 46% de part d'audience en 2004 et on attend cette fois, à travers le monde, au moins 2 milliards de téléspectateurs. Les diffuseurs ne lésineront donc pas sur les moyens: l'antenne de France 2 sera repeinte aux couleurs du Royaume-Uni dès la veille du mariage ; TF1 promet des documents exceptionnels à ses téléspectateurs, qui pourront suivre l'évènement « jusqu'au fameux baiser du balcon », écrit Le Figaro. Si les chaînes de télé y perdent, « nul doute que la presse magazine tirera davantage ses marrons du feu », poursuit Le Figaro. C’est l'hebdomadaire [people] Gala, qui aurait obtenu l’exclusivité de l’évènement et devrait donc empocher le jackpot.