C'est à Mombasa, au Kenya, qu'ont lieu les enchères les plus importantes au monde pour le thé noir. Les ventes y ont baissé de 7% sur les trois premiers mois de l'année, par rapport à 2010. Parmi les raisons, il y a une baisse de récolte au Kenya, du fait de la sécheresse. Mais la principale cause, soulignent les courtiers de Mombasa (Africa Tea Brokers), ce sont les troubles dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. L'Egypte est le premier acheteur au monde de thé noir du Kenya. L'agitation qu'a connue le pays du Nil a fait baisser les achats au premier trimestre. Depuis quelques semaines, le commerce semble reprendre : les conditionneurs égyptiens sont de retour aux enchères de Mombasa.
Mais avec l'enlisement de la crise libyenne, c'est au tour du Sri Lanka, deuxième exportateur mondial de thé, de voir une partie de ses revenus menacés. La Libye représente 3,5% des exportations de thé Ceylan, mais c'est à 80 % du haut de gamme. Des conteneurs de thé sont bloqués dans les ports libyens, témoignent les compagnies maritimes, et le paiement également, déplorent les courtiers sri-lankais (Lanka Commodity Brokers). La même chose est en train de se produire en Syrie, autre gros importateur de thé Ceylan, mais où les violences s'aggravent.
Le Kenya et le Sri Lanka avaient déjà dû surmonter de concert la baisse des ventes de thé à l'Iran depuis que les sanctions ont rendu les transactions financières quasi-impossibles. Maintenant ils voient le commerce du thé contrarié avec un autre client commun, le Yémen, extrêmement agité. Les deux plus grands pays exportateurs de thé au monde croisent les doigts pour que les troubles ne se propagent pas à toute la péninsule arabique, haut-lieu des importations de thé. Et ils essaient de miser davantage sur d'autres marchés, comme la Russie, ou sur des exportations à plus grande valeur ajoutée que le thé en vrac pour compenser les pertes.