C'est l'envolée des prix du minerai de fer, depuis l'an dernier, qui est à l'origine d'une telle prospérité. La tonne de fer, qui valait encore 61 dollars au printemps dernier, dans le cadre de contrats annuels, a atteint 185 dollars sur le marché au comptant. Et c'est ce marché spot qui sert depuis un an de référence au prix trimestriel que les grands groupes miniers ont imposé à leurs clients, les aciéristes.
La demande de fer a repris très fort l'an dernier, au rythme de la demande d'acier en Chine pour ses infrastructures. Et cette tendance s'est renforcée au début de cette année puisque la Chine a importé une quantité record de fer en janvier, 64 millions de tonnes.
La demande reprend aussi depuis quelques mois au Japon, en Corée du Sud, à Taiwan et jusqu'en Europe, où les hauts fourneaux redémarrent. Or l'offre actuelle de fer aura du mal à contenter les besoins tant que les investissements colossaux de Vale, qui compte doubler sa production d'ici cinq ans, ne se seront pas concrétisés. Car pour l'heure, la production indienne subit des restrictions à l'export : Delhi veut préserver sa propre sidérurgie. Quant à la Chine, elle est limitée dans l'expansion de sa production par les capacités de transport depuis les mines du Nord vers les aciéries du Sud.
C'est pourquoi le géant minier Vale prévoit encore une augmentation de 20% des prix de son minerai à partir du mois d'avril, et avec ses concurrents anglo-australiens, Rio Tinto et BHP Billiton, il compte imposer désormais des prix mensuels aux sidérurgistes. L'Association chinoise du fer et de l'acier crie à l'injustice et au monopole. En revanche, le producteur chinois d'aluminium Chinalco se frotte les mains : pour se diversifier, il s'est lancé dans le négoce du minerai de fer, qu'il vend en Chine, en s'approvisionnant chez son partenaire Rio Tinto, en Australie.