Une autre nouvelle a par la suite calmé cette panique des marchés : l'embargo du président élu sur le café et le cacao ne serait pas rétroactif. Les quantités de fèves achetées jusqu'au vendredi 21, et sur lesquelles des taxes auraient déjà été payées aux administrations toujours aux mains du président sortant, ne seraient pas concernées et pourraient quitter les ports. Le Comité de gestion de la filière café-cacao, pro-Gbagbo, s'est d'ailleurs engouffré dans la brèche pour déclarer que 300 000 tonnes, pas moins, avaient ce statut.
Reste que les exportateurs sont désormais pris entre le marteau et l'enclume, entre l'administration sortante qui gère encore la filière, les douanes et les ports, et qui pourrait les punir de ne plus alimenter les caisses ; et le pouvoir élu, susceptible de leur retirer, à terme, leur licence d'exportation.
Le groupement des exportateurs devait se réunir à Abidjan pour décider en commun de l'attitude à observer pour la suite de la campagne cacaoyère. Mais d'ores et déjà, l'un des plus puissants, l'Américain Cargill, a confirmé qu'il suspendait ses achats. En privé, la plupart estiment plus prudents également, de faire une pause. C'est moins grave aujourd'hui, à la fin de la récolte principale. Mais il reste encore du cacao dans les plantations et les entrepôts. S'il est mal conservé il risque de s'abîmer. Par ailleurs, l'industrie du chocolat, en Europe et aux Etats-Unis, pourrait manquer de matière première.
Même si elle a déjà beaucoup acheté en prévision des troubles électoraux, elle travaille tout de même à flux tendu et février demeure un mois de commandes importantes, en prévision des ventes de Pâques.