C'est qu'entre temps, la Russie, troisième client de l'Allemagne, venait d'annoncer qu'elle interdisait l'importation de porcs allemands vivants. Un revers supplémentaire pour l'élevage porcin en Allemagne, après la chute de la consommation intérieure, et les restrictions sur d'autres marchés d'exportations.
Même à un prix amputé de 30% depuis le début du mois, les producteurs allemands sont contraints de vendre les animaux prêts à l'abattage, qui deviennent vite envahissants : un cochon prend un kilo par jour. Les abattoirs allemands, eux, font sans doute une affaire : en achetant à pas cher, ils financent le stockage de la viande, congelée, qu'ils pourront revendre plus tard et à meilleur prix, quand la consommation repartira dans quelques mois.
Cette crise de la dioxine n'a cependant pas d'impact généralisé sur les cours du porc en Europe. Seuls les Pays-Bas et la Belgique, qui exportent beaucoup vers l'Allemagne ont été touchés. L'Espagne et la France ont finalement la « chance » de ne pas exporter beaucoup, pas plus de 6% de leur production. Et sur leur marché intérieur, les producteurs ont obtenu de voir mentionner dans les rayonnages l'origine de la viande - la réglementation européenne le permet s'il s'agit d'un geste volontaire de la grande distribution, ce que le ministre français de l'Agriculture a obtenu à nouveau jeudi 20 janvier. Pas assez vite, selon certains éleveurs français, qui ont fait une descente dans quelques supermarchés de l'Ouest, et qui devraient recommencer mercredi prochain dans la région parisienne.
L'exaspération des éleveurs, assommés par le coût des grains depuis six mois, est, elle, générale en Europe. Les ministres de l'Agriculture des 27 doivent ce lundi 24 janvier discuter des aides possibles et d'une stricte séparation des graisses techniques pour l'industrie et des graisses alimentaires pour les animaux, dont le mélange dans une usine allemande est à l'origine de la contamination.