Nourrir la planète en 2050 sans la détruire imposera des sacrifices aux pays riches

Nous avons la capacité de nourrir la planète à l'horizon 2050, conclut « Agrimonde », une étude conjointe de deux instituts français de recherche agronomique. Mais si l'on veut que ça ne se fasse pas au détriment de l'environnement, il faudra faire des choix et des sacrifices.

Nous sommes depuis peu 7 milliards d'être humains, nous serons 9 milliards en 2050 et à cette date, lorsque la démographie se sera un peu stabilisée, deux scénarios s'offrent à nous, selon l'étude conjointe de deux instituts français de recherche agronomique, l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), pour garantir la sécurité alimentaire (1).

D’abord un scénario qui suivrait la tendance actuelle de forte croissance dans les pays émergents et en développement, où de rapides avancées technologiques, accompagnées de gros investissements en infrastructures, et d'une plus grande libéralisation du commerce encore, verrait la consommation alimentaire globale augmenter de 20%, mais avec de grandes disparités de par le monde et au prix d'une forte dégradation de l'environnement, eau et climat.

Un autre scénario plus « durable », moins vorace en énergie se dessine, mais il demandera d'inverser radicalement certaines tendances et d'instaurer de solides garde-fous, comme la régulation du commerce mondial des denrées et de leur prix. L'augmentation des rendements, les innovations agronomiques ne se feront que dans le respect des processus écologiques.

Comme dans l'agroforesterie où l'on constate que les cultures de rente peuvent coexister avec d'autres cultures, en conservant plus d'azote dans le sol, ou en se protégeant mutuellement des ravageurs, sans trop d'apport en engrais et en pesticides. Enfin, pour que ce scénario vertueux se réalise, plus question pour les pays riches de continuer à consommer autant de calories, dont 30% sous la forme de viande et de lait, quand en Afrique au sud du Sahara on ne consomme que 6% de protéines animales ! Plus question non plus pour les pays de l'OCDE de continuer à gaspiller autant : aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne entre 30 et 50% des pertes de produits agricoles ont lieu en bout de chaîne, chez le consommateur.

Si ces efforts étaient réalisés, concluent les chercheurs, la consommation alimentaire globale resterait stable sur la planète, mais elle serait beaucoup mieux répartie.

(1) Agrimonde. Scénarios et défis pour nourrir le monde en 2050. Coord. Sandrine Paillard, Sébastien Treyer, Bruno Dorin. Paris, Editions Quae (Cirad, Inra), 2010.

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