Treize compagnies pétrolières doivent en ce moment se réjouir : elles n'auront pas besoin de réaliser de nouvelles études d'impact sur l'environnement pour reprendre, vraisemblablement d'ici quelques semaines, leurs opérations en eau profonde dans le golfe du Mexique. Parmi elles, les géants Chevron et Shell mais aussi des compagnies plus modestes comme ATP, Cobalt et même Anadarko, qui est pourtant copropriétaire avec BP du puits Macondo, à l'origine de la marée noire ! «L'administration américaine obéit à la logique qui l'a poussée depuis le début à ne désigner que BP, l'opérateur du gisement, comme responsable du suivi technique et donc de la catastrophe, commente Francis Perrin, de Pétrole et gaz arabes. Elle continue donc à considérer Anadarko, qui explore par ailleurs avec succès au large du Ghana et du Mozambique, comme un opérateur sérieux ».
Si le nouveau Bureau fédéral de régulation des activités pétrolières en mer a décidé de supprimer la formalité de nouvelles études environnementales pour 16 puits, c'est aussi et surtout que les opérations de forage y avaient déjà commencé avant la marée noire, ou qu'ils étaient déjà au stade de l'exploration. Après avoir levé par anticipation le moratoire sur les forages profonds en octobre – ce qui permet le dépôt de nouvelles demandes de forage - l'administration américaine veut lâcher encore un peu plus de lest à l'industrie pétrolière qui déplore des milliards de dollars de pertes, et aux élus des Etats, qui brandissent les milliers d'emplois sacrifiés.
Malgré tout les opérateurs de ces puits devront respecter des contraintes supplémentaires en matière de sécurité : en particulier la certification des installations par un organisme indépendant, et la mise en place de procédures internes qui permettent, à chaque étape des opérations, de pallier l'erreur humaine. «L'administration américaine veut ménager la chèvre et le chou, conclut notre expert : c'est une mesure d'urgence pour permettre aux compagnies qui avaient bouché les puits de reprendre le travail (...) Mais on est au milieu du gué. Pour les nouveaux permis, les contraintes devraient être beaucoup plus fortes ».