Les troubles en Egypte propulsent le pétrole au-dessus de 100 dollars le baril

Le baril de pétrole a franchi le seuil psychologique des 100 dollars lundi 31 janvier à Londres. Pour l'instant personne n'imagine le canal de Suez fermer, c'est une route pétrolière majeure. Mais les marchés sont tout de même inquiets de voir l'agitation se poursuivre.

Le canal de Suez ne voit plus passer que 4,5% de la production mondiale de pétrole, depuis que l'Angola, par exemple, exporte de plus en plus vers l'Asie, mais il reste une route majeure pour acheminer le pétrole des pays du golfe Persique vers l'Europe et les Etats-Unis ; le brut algérien ou libyen vers l'Inde et la Chine, mais aussi le pétrole des pays de la mer Noire vers Singapour ou l'Indonésie.

Le canal est le passage des tankers petits et moyens. Il est aussi un raccourci important pour les supertankers vides, lorsqu'ils retournent vers les pays du golfe Persique pour chargement. La condamnation du canal voudrait donc dire tout de même un bouleversement général du trafic pétrolier mondial, confie un négociant, et un « surcoût gigantesque » lié à l'allongement des voyages : 31 jours contre 19, par exemple, pour le pétrole algérien qui devrait rejoindre la Chine par le Cap de Bonne-Espérance, au sud de l’Afrique. Plus de pétrole africain pourrait être affecté à l'Europe et le brut des pays du golfe Persique pourrait partir vers l'Asie plutôt que d'alimenter l'oléoduc Suez-Méditerranée, qui longe le canal.

Mais pour l'instant aucun négociant ou courtier en pétrole n'envisage sérieusement que la population ou l'armée s'en prenne à un trafic qui rapporte 5 milliards de dollars par an au pays. Si la compagnie maritime danoise Maersk a suspendu ses activités en Egypte, elle a continué à faire circuler ses tankers par le canal. Quant à la Lloyd's elle a souligné qu'elle n'avait pas augmenté sa prime d'assurance pour les bateaux qui l'empruntent. Tout au plus le marché du kérosène, s'inquiète-il un peu des retards à l'enregistrement des navires ou à l'intervention de personnel de sécurité à bord, du fait des grèves et du couvre-feu, ce qui pourrait ralentir l'approvisionnement en carburant pour le transport aérien, pauvre en stock en Europe.

Plus que la crainte d'une fermeture de Suez, plus que les mots de l'Opep sur le « risque de pénurie réelle », qui ont ravivé les cours ce lundi 31 janvier 2011, ce qui risque de maintenir la hausse, c'est la crainte qu'à long terme les pays pétroliers de la région, confrontés à des dépenses budgétaires sans précédent pour empêcher la contagion politique, ne soient menés à augmenter les prix du brut.

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