La Chine veut garder ses terres rares

Les pressions conjointes, des Etats-Unis, du Japon et de l’Europe n’y ont rien fait. La Chine devrait réduire encore ses exportations de terres rares à compter du 1er janvier prochain. Une réduction justifiée par Pékin en raison de la protection de l’environnement.

de Baotou en Mongolie intérieure,

La Chine possède 30 % des réserves de terres rares de la planète, mais fournit plus de 95 % de la demande mondiale. L’argument avancé par Pékin est incontestable sur le plan des chiffres. Si les taxes à l’export sur certains métaux rares augmentent comme annoncé, le 1er janvier prochain, c’est d’abord parce que la Chine veut protéger son patrimoine. L’argument est ressacé à chaque déplacement d’un responsable du ministère chinois du Commerce, qui ne se prive pas d’ailleurs de rappeler les données fournies par le Bureau de la géologie aux Etats-Unis : en 15 ans affirment les Américains, la part de la Chine dans les réserves mondiales de ces minerais a chuté de 43 à 31 % du fait même que le pays en est devenu le principal fournisseur.

Mais cet argumentaire n’explique pas tout. Pékin oublie de dire par exemple que depuis 5 ans, les exportations de terres rares chinoises diminuent en volume d’environ 5 % par an. Au-delà du jeu sur les prix, lié à la contraction de l’offre, la Chine veut aussi utiliser ses métaux pour ses propres industries vertes, et surtout inciter les industries étrangères de pointe à travailler en Chine. « Dans n’importe quel pays confesse Lin Dong lu, le secrétaire de l’Association académique des terres rares chinoises, tout développement technologique est lié à l’exploitation de la ressource ». Autrement dit, le minerai pourrait se monnayer en transfert de technologies.

Avec le risque de voir redistribuer les cartes ailleurs … car les métaux rares qui sortent des déserts de Mongolie intérieure ne valent pas grand-chose en réalité. C’est leur affinage qui en fait la valeur, d’où leur rareté. Cette nouvelle réduction des exportations chinoises pourrait pousser les grandes compagnies minières à s’y intéresser de nouveau. L’Américain Molycorp aux Etats-Unis, l’Afrique du Sud et l’Australie seraient déjà sur les rangs. La Chine a déjà trouvé la parade en proposant désormais ses services à l’étranger. Nous sommes prêts à aider les pays qui souhaitent exploiter leurs réserves en jachères a fait savoir le président de la Chambre de commerce chinoise des métaux et de la chimie, à l’occasion du séminaire international qui s'ouvre ce mardi à Pékin.

Un séminaire consacré justement à ces 17 métaux aux propriétés électromagnétiques indispensables à la fabrication des voitures de demain, des écrans plats, mais aussi par exemple du dernier Iphone 4 dont toutes les radios chinoises parlent ce mardi matin. Une vingtaine de ces téléphones hauts de gamme ont été commandés par la police de Suzho (SUJO) dans le sud du pays, officiellement « pour des raisons de service ». L’information a fait rire jusque dans les mines de Mongolie intérieure où, pour l’instant, l’annonce de ces nouveaux freins aux exportations suscite peu d’inquiétude. Selon les chiffres officiels, cela ne fera que compenser le doublement des exportations en novembre.

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