80 000 ouvriers agricoles sur 100 000 sont en grève dans les grandes plantations commerciales de la province de la Vallée du Rift, depuis lundi dernier 18 octobre. C'est le comptage réalisé par la COTU, l'Organisation centrale des syndicats kényans, dont le secrétaire général a survolé la zone et constaté que « les plantations travaillaient au ralenti ».
Ce qui motive ce mouvement social, c'est l'introduction des machines pour la cueillette par les grandes compagnies, dont les multinationales Unilever ou Finlays. La mécanisation a été introduite dès 2005, mais il était prévu que l'accord conclu alors entre les salariés et les employeurs serait revu tous les deux ans, or le dernier en date est caduc. Entre temps, les représentants des salariés agricoles ont fait les comptes : 50 000 salariés ont perdu leur emploi depuis que les machines ont fait leur apparition dans les plantations et ils anticipent que 20 000 emplois supplémentaires pourraient encore disparaître.
Les deux camps se sont retrouvés à la table des négociations jeudi 21 octobre. L'un des syndicalistes de la COTU, joint au téléphone, affirme « ne pas remettre en question l'existence des machines », même s'il estime qu'« elles nuisent à la qualité du thé récolté, par rapport à la cueillette manuelle ». Il demande simplement « qu'on imagine d'autres tâches pour les salariés qui ne sont plus dans les plantations, comme par exemple l'activité du mélange avec d'autres origines, pour exporter un produit à plus forte valeur ajoutée ». Jusqu'à présent, le thé noir du Kenya est exporté brut. Quand il trouve une valorisation, c'est en Inde ou aux Émirats, où il est conditionné.
Pour l'instant les employeurs relativisent les conséquences de cette grève sur leur production. Le patron de Nandi Tea Estates, l'une des compagnies touchées, admet un petit ralentissement de la récolte, mais de toutes façons, on entre dans la saison sèche et les théiers vont moins donner. Les grandes plantations tenues par des compagnies privées ne comptent en outre que pour 40% de la production de thé au Kenya, la grande majorité reste aux mains des petits producteurs, représentés par l'Agence kényane de développement du thé, et qui ne subit aucunement l'impact cette grève.
Cependant dans un contexte d'offre mondiale de thé très tendue, justement du fait d'une moindre récolte au Kenya, alors qu'on anticipait un regain après deux années de sécheresse, ce conflit pourrait venir corser un peu les prix du thé.