L’inspiration, semble ne jamais manquer à Toumani Diabaté, l’un des meilleurs koristes de la planète. Originaire de Bamako, initié par son père et son grand-père aux subtilités de la kora, la harpe-luth emblématique de l’Afrique de l’Ouest, ce griot virtuose croit aux vertus du métissage. Parce qu'il n'est pas de ceux à se laisser enfermer dans une tradition fossilisée, il va très tôt faire des chemins de traverse son ordinaire, donner à sa kora des éclats infiniment vagabonds.
Toumani Diabaté vient avec son groupe au studio 136 nous présenter le très bel album «Ali et Toumani» enregistré avec le désormais légendaire Ali Farka Touré. «Ali et Toumani» est le prolongement majestueux du planant «In the Heart of the Moon». Ali et Toumani y laissaient libre cours à leur inspiration et furent récompensés pour cela d'un Grammy Award en 2006. Toumani Diabaté, appuyé par Nick Gold, directeur du label World Circuit, souhaita alors donner une suite à l’expérience. Ali partant, les deux compères réservèrent un studio londonien pour trois jours. Ce sera le dernier enregistrement du solide Farka, « l’âne », seul survivant d’une fratrie de dix fils, qui sera emporté en mars 2006 par un cancer des os. Toumani, ami et gardien de la mémoire, accompagne Ali dans ce passage vers la postérité. Au Mali, la rencontre du terroir de Niafunké d’Ali Farka et du répertoire mandingue joué par les Diabaté depuis soixante-douze générations n’avait pourtant rien d’évident, même si dans les années 60, Ali Farka Touré jouait déjà avec Sidiki Diabaté, le père virtuose de Toumani.