Le retour du «super cycle» des métaux de base

La Semaine des métaux s'achève à Londres, « la » place mondiale du commerce de ces matières premières industrielles. La plupart des participants semblent s'accorder sur un point : les métaux de base profitent à nouveau du super « cycle haussier », qui avait démarré au milieu des années 2000.

Après leur dépression de l'an dernier, les cours des métaux de base ont grimpé fortement au printemps, et de nouveau de 30% à 40 % au cours des quatre derniers mois. Pour les négociants et les banquiers présents à la Semaine des métaux du London Metal Exchange, il n'y a pas de doute : le « super cycle » des métaux est de retour !

Alors que l'idée avait été balayée au plus fort de la crise il y a deux ans par la Banque mondiale, toutes les conditions semblent aujourd'hui à nouveau réunies, avec d'abord un renouveau très important de la demande en métaux de base : la lente convalescence des pays occidentaux est largement compensée par la forte reprise de la Chine, du Brésil, de l'Inde, mais aussi de la Turquie, de l'Egypte, des pays d'Asie du Sud-Est et d'Europe de l'Est, qui doivent alimenter des industries en plein essor pour fournir en produits de consommation une classe moyenne de plus en plus nombreuse.

L'électronique est ainsi repartie de plus belle, cette activité consomme beaucoup d'étain : le métal blanc a battu son record de mai 2008 pour atteindre 27 000 dollars la tonne, mercredi. Quant au cuivre, le métal des infrastructures, des équipements électriques et du bâtiment, il a atteint 8 490 dollars en séance mercredi 13 octobre, et les analystes prévoient qu'il battra son record de juillet 2008, près de 9 000 dollars, dans les douze mois qui viennent.

Les autres métaux de base, du zinc au nickel en passant par l'aluminium et le plomb voient aussi leur cours progresser et les stocks baisser mais l'étain et le cuivre sont les plus représentatifs d'une demande en métaux de plus en plus difficile à satisfaire parce que l'offre se raréfie. Les mines creusées dans les années 1980 sont de moins en moins riches en minerai. Il faut aller le chercher de plus en plus profondément dans des conditions de plus en plus périlleuses.

L'expérience des mineurs chiliens de San José retenus pendant 69 jours à plus de 600 mètres sous terre l'a bien mis en lumière. La production de cuivre s'essouffle au Chili, comme la production d'étain ralentit en Indonésie, on doit aujourd'hui aller chercher le minerai offshore. Exploiter de nouvelles mines est aussi plus compliqué aujourd'hui. Il est difficile pour les petits acteurs d'obtenir des crédits. Quant aux Etats, ils sont de plus en plus exigeants sur les retombées fiscales, sociales et environnementales des projets.

Le « supercycle » haussier des métaux semble en tout cas convaincre les investisseurs financiers. Après les fonds indiciels adossés à l'or, ils ont donné naissance cette semaine au premier fonds indiciel adossé aux métaux lourds !

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