Ce lundi 11 octobre, le caoutchouc standard indonésien a encore amélioré son record historique d'avril dernier. Le contrat le plus rapproché à la bourse de Singapour valait 3 690 dollars la tonne. Quant au caoutchouc de qualité supérieure, le « feuille 3 thaïlandais », il a terminé sa cotation au plus haut depuis quatre ans à la bourse de Shanghai, 29 000 yuan la tonne, l'équivalent de 4 357 dollars !
La faiblesse du dollar par rapport au yuan entre en partie dans l'intérêt qu'ont porté les investisseurs au produit de l'hévéa, mais ces derniers ont surtout plébiscité une matière première qui se fait rare depuis la mi-septembre. En ce moment c'est la saison des pluies dans les principaux pays producteurs, Thaïlande, Indonésie et Malaisie, mais les précipitations sont beaucoup trop abondantes, elles retardent la récolte du latex, au moment où la demande n'a jamais été aussi forte de la part de la Chine et de l'Inde, pour leur industrie automobile. La Chine devrait procéder à des importations record cette année, 1 million 700 000 tonnes. Quant à l'Inde, pourtant quatrième producteur de caoutchouc, elle n'arrive plus, et de loin, à fournir ses propres usines de pneus.
En comparaison la faiblesse de la production mondiale inquiète et pas seulement à court terme. Elle sera cette année de 9 millions et demi de tonnes, près d'un million de tonnes de moins que la demande. Et ce déficit pourrait s'amplifier dans les deux ans qui viennent, prédit l'Association des pays producteurs. Les hévéas sont vieux. Après 30 ans, leur production décline. Bangkok et Jakarta ont bien lancé des campagnes pour replanter, mais il faut quatre à sept ans pour qu'un hévéa soit productif, ces efforts ne commenceront à porter leurs fruits qu'à partir de 2012. Sans tenir compte des freins à l'arrachage que sont les cours élevés pour les petits planteurs : ils hésitent à se séparer d'un revenu sûr. Ou de la concurrence du palmier à huile, qui prend la place de l’hévéa arraché, il est plus vite rentable pour les grandes sociétés.
Les fabricants de pneumatiques, qui utilisent en moyenne 40 % de caoutchouc naturel dans les pneus de meilleure qualité, auront du mal à amortir leurs coûts en se reportant un peu plus sur le caoutchouc synthétique : son prix est également à la hausse, avec celui du pétrole ! Alors en Europe les industriels peuvent rêver d'une alternative à l'hévéa tropical, en climat tempéré : la guayule et le pissenlit russe font l'objet d'un programme de recherche très sérieux financé à hauteur de 8 millions d'euros par l'Union européenne.
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Un séminaire international sur l'avenir des plantes à caoutchouc naturel se tiendra jeudi 14 et vendredi 15 octobre à Montpellier, dans le sud de la France, sous l'égide du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), d'Agropolis International et des partenaires internationaux du projet EU-PEARLS. Plus de 70 scientifiques du Nord et du Sud sont attendus.
Le lien au séminaire : http://www.eu-peals.eu/UK/Midterm+Meeting/