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Depuis le début de l'année, l'étain est le champion des métaux de base : 50% de hausse. Les cours pourraient bientôt rejoindre leur record du printemps 2008, tant l’offre indonésienne fait défaut.L'Asie continue d'importer toujours plus d'étain pour souder les circuits électroniques fabriqués dans ses usines. La demande mondiale d'étain raffiné devrait augmenter de 20% cette année, estime le Bureau mondial des métaux. Or, l'offre n'est pas au rendez-vous.Le premier exportateur mondial, l'Indonésie, doit d'une part affronter le vieillissement de ses gisements terrestres de cassérite et il faut maintenant aller chercher le minerai de l'étain offshore, en mer. Ce qui ralentit l'extraction et en renchérit les coûts.Cette année, les pluies ont en outre inondé les mines dès juillet-août, à une époque où la saison sèche, normalement, se prolonge et prolonge d'autant l'extraction de l'étain, jusqu'en octobre. Peu de mines, dont beaucoup sont familiales dans l'archipel, ont eu les moyens de pomper l'eau pour continuer l'exploitation. A cela s'est rajoutée la trêve du Ramadan et l'offensive redoublée des autorités de Jakarta contre l'extraction illégale. Résultat : il n'y a pas de minerai pour les raffineurs à un prix raisonnable en Indonésie.L'étain sort très peu du Pérou en ce moment. En République du Congo, le 6e exportateur mondial, le gouvernement a prononcé un embargo sur les exportations de minerai provenant des régions du Kivu et de Maniema, riches en cassérite. Personne ne s'attendait à cette situation au printemps dernier, on prévoyait encore un surplus en 2010, après une année de surplus record en 2009, 20 000 tonnes, faute de demande. C'est un fort déficit de production qu'il faut prévoir cette année, moins 15 000 tonnes, d'après le Bureau mondial des métaux. Les réserves sont au plus bas, et toutes localisés en Asie. Obtenir une cargaison vers l'Europe est un vrai casse-tête, commente un trader. Et cette année, il n'y a plus de rétention artificielle comme l'an dernier, lorsque qu'un opérateur avait acheté 80 % des stocks du London Metal Exchange, pour, sans doute, doper un peu les cours.Cette fois, on a réellement affaire à un marché tendu, un marché de pénurie. D'où la hausse quasi continue des cours depuis le début d'année, la tonne d'étain valait alors 15 000 dollars, elle a dépassé 23 300 dollars ce mercredi 16 septembre. On est à quelques encablures seulement du record historique du prix de l'étain, 25 500 dollars en mai 2008, et la plupart des experts anticipent que ce cap sera franchi d'ici la fin de l'année.