Seule la spéculation explique aujourd’hui la hausse des cours du café arabica

A près de 2 dollars la livre, les cours du café arabica sont au plus haut depuis 13,5 ans à New York. Seule la spéculation explique cette ébullition ce mercredi 8 septembre. Les cours de l'arabica continuent leur ascension, comme s'ils étaient toujours propulsés par le déficit de l'an dernier : la récolte d'arabica nature avait été moins bonne au Brésil, comme c'est le cas un an sur deux. Et pour la deuxième année d'affilée, elle avait été catastrophique en Colombie pour les arabicas lavés, les plus fins. Mais cette année la situation de l'offre est beaucoup plus confortable. La récolte qui a commencé au mois de mai au Brésil sera exceptionnelle. Ce volume de près de 60 millions de sacs représente un quart de plus que l'an dernier. Quant à la production d'Amérique centrale, même si elle est un peu retardée par le froid au Mexique et au Guatemala, elle devrait largement compenser la faiblesse de la récolte colombienne, qui perdure.

« Il y aura un surplus l'année prochaine, tout le monde est d'accord là-dessus, estime un négociant. Les stocks ont un peu baissé mais il vont se reconstituer l'an prochain sans problème ». Alors qu'est-ce qui peut bien nourrir cette hausse ? L'intérêt soudain des spéculateurs pour le café. Cette matière première apparaît aujourd'hui au même titre que l'or ou le pétrole dans les paniers d'investissements proposés aux particuliers. « Quand les fonds d'investissement accaparent 50 000 lots de 250 sacs sur le marché à terme de New York, vous n'avez qu'à faire le calcul, poursuit notre négociant, c'est la moitié de la consommation mondiale ! Les spéculateurs pompent ainsi le marché à terme, ce qui nourrit la hausse, les producteurs y ont d'ailleurs tout intérêt... »

Malgré cette ponction opérée par les fonds d'investissement, les stocks du marché à terme de New York restent très confortables : 2 millions de sacs. Rien à voir avec les 250 pauvres sacs qu'il détenait en 1997, année de récolte catastrophique, ce qui avait porté les cours de l'arabica au-dessus de 2 dollars la livre. Dans une configuration de l'offre toute différente, on se retrouve aujourd'hui dans un ordre de prix semblable. Cela a des conséquences réelles du côté de la demande. Les torréfacteurs, qui ont déjà beaucoup puisé dans leurs réserves en attendant une accalmie des cours, ne peuvent plus différer les achats. Ils se détournent en ce moment des arabicas lavés devenus trop chers pour privilégier les arabicas nature, voire les robustas, moins fins. Enfin, ils sont contraints de répercuter la hausse de leurs coûts, les torréfacteurs aux Etats-Unis ont augmenté leurs prix de 10 %. Leurs concurrents européens ne devraient pas tarder à leur emboîter le pas, d'autant qu'ils ont en plus souffert d'un euro faible.

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