L’Afghanistan, nouvel eldorado minier ?

Plus de trente ans après les premiers relevés soviétiques, les géologues américains confirment la richesse du pays en fer, en cuivre et en lithium, qui pourraient faire de l'Afghanistan l'un des premiers producteurs mondiaux.

C'est le nouvel épisode, peut-être décisif, d'un véritable feuilleton. Il y a trente ans, les Soviétiques font les premiers relevés géologiques qui attestent de la présence de quantités de métaux dans le sous-sol afghan. Lorsqu'ils se retirent du pays, en 1989, ces cartes tombent dans l'oubli. Elles sont conservées à l'abri des combats au domicile de quelques géologues afghans qui les ressortent de leur cachette après la chute des talibans. Une petite équipe de géologues américains redécouvre l'existence de ces cartes en 2004. Deux ans plus tard le Bureau américain d'études géologiques commence les investigations sur le terrain. Ce que révèlent les images en trois dimensions dépasse les espérances des premiers survols du territoire : les Afghans seraient assis sur des gisements de fer, de cuivre et de lithium parmi les plus importants au monde.

L'an dernier une équipe du Pentagone dédiée au développement économique s'empare du dossier. C'est son chef, Paul Brinkley, qui vient d'accorder un interview au New York Times, où il qualifie l'Aghanistan « d'Arabie Saoudite du lithium ». La richesse nationale afghane, basée presqu'exclusivement aujourd'hui sur la culture du pavot, pourrait passer de 6 petits milliards de dollars « à quelque 1 000 milliards de dollars grâce aux mines ».

Les superlatifs pleuvent aussi de la part des autorités afghanes : « Ces gisements vont devenir l'ossature de l'économie afghane ! », s'enthousiasme le ministre des Mines, Jalil Jumriany. Une formule amusante lorsqu'on sait que le lithium est un métal très mou. Les autorités afghanes reçoivent en tout cas des conseils de partout pour pouvoir lancer les premiers appels d'offre, promettent-elles, à l'automne prochain.

D'ici à la transformation de l'Afghanistan en nation minière, cependant, il y a sans doute plusieurs décennies. C'est en tout cas l'avis de Christian Hocquard du Bureau français de recherche géologiques et minières (BRGM) qui ironise sur ce qu'il appelle le « programme Mine contre Pavot ! ». « Etant donné la situation actuelle, les sociétés occidentales ne sont pas prêtes à investir massivement dans le pays, souligne-t-il. Seule la Chine en a la motivation, les moyens financiers, et la proximité, puisqu'elle a une petite frontière avec l'Afghanistan. »

C'est un groupe public chinois, effectivement, qui a déjà obtenu, il y a trois ans, l'exploitation du gisement de cuivre d’Aynak, dans l'est du pays, dans des conditions d'ailleurs très douteuses, qui ont valu la démission au précédent ministre afghan des mines.

 

 

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