En quelques jours, les platinoïdes sont redescendus de leurs sommets. L'once de platine, qui avait atteint 1 754 dollars l'once, à la fin du mois d'avril, est retombée à 1 523 dollars à Londres, jeudi 20 mai. L'once de palladium a oublié son record de deux ans, 570 dollars, pour passer sous les 411 dollars en séance.
Tous les métaux précieux ont fléchi depuis la décision allemande d'interdire certaines opérations spéculatives, les ventes à découvert : les investisseurs ont vendu certains actifs dans les matières premières pour se couvrir. Mais le groupe platine a beaucoup plus souffert que l'or ou l'argent : ce n'est pas seulement un placement, les platinoïdes sont aussi très liés à l'activité industrielle, en premier lieu l'automobile, puisqu'ils sont utilisés dans les pots d'échappement. Or les espoirs de reprise économique et donc industrielle sont un peu touchés dans la zone euro ; et l'on vient d'apprendre que les immatriculations de nouveaux véhicules avaient baissé en avril en Europe.
Or c'est la confiance dans le redémarrage de la construction automobile qui avait propulsé les cours des platinoïdes à leur plus haut, à la fin du mois dernier. L'ardeur des investisseurs avait été amplifiée par la création, en début d'année, de deux grands fonds indiciels sur le palladium et le platine, comme ceux qui existent depuis plusieurs années sur l'or. Ces « trackers » sont adossés à du métal physique, et c'est autant de matériau stocké qui est retiré du marché, donc de l'offre disponible, ce qui soutient les prix. Si un ou deux gros investisseurs de ces fonds venaient à se débarrasser de leurs avoirs en platine ou en palladium, les cours pourraient dégringoler encore bien plus bas.
Voilà qui mettrait peut-être fin à une pratique qui a fait sa réapparition, comme début 2008, lorsque les prix des platinoïdes s'étaient envolés : le vol de pots d'échappement pour la récupération des métaux précieux. Les entreprises de dépannage et les assureurs automobiles en Grande-Bretagne, signalent qu'ils se sont multipliés au cours des deux derniers mois.