La grande majorité des minerais et, donc, des métaux sont transportés par bateau. Le cuivre, le minerai de fer sont trop peu chers pour prendre les airs. Même chose pour le titane. Quant aux aciers, il n'y a que quelques super-alliages utilisés dans l'aéronautique qui sont susceptibles de prendre l'avion, mais on est sur des cycles longs de production. Ou certaines pièces automobiles, mais seulement en cas de force majeure : une grève, un problème de qualité, un incident sur une chaîne de montage, ou des intempéries qui paralyseraient les transports routiers. « A l'heure actuelle, les usines en Europe redémarrent gentiment », commente un responsable syndical de la métallurgie, « il n'y a donc pas de problème de flux tendu chez les constructeurs automobiles ».
Mais certains minéraux, certains métaux rares ou précieux voyagent presqu'exclusivement par avion. On pense bien sûr aux diamants. Dans ce cas, un porteur se charge dans le plus grand secret du convoyage sur un avion de ligne, entre la République du Congo et Anvers.
L'or est également transporté par voie aérienne : avant même d'être transformé, le doré impur voyage à bord des avions cargo ou même des avions de ligne, avant d'être raffiné en Europe.
Les joaillers sont donc le plus souvent approvisionnés par les airs. Mais aussi toutes les industries qui consomment ces métaux rares ou précieux. L'or à usage industriel, le germanium utilisé dans la fibre optique, l'hafnium et le tantale pour les composants électroniques. Le platine ou le palladium pour les catalyseurs des pots d'échappement : venant d'Afrique du Sud ou de Russie, ces deux métaux sont expédiés par avion vers l'Europe, avant d'être stockés en lingots dans les banques suisses. Même une partie du lithium nécessaire à la fabrication des batteries pour voitures électriques de l'usine Batscap Bolloré dans l'ouest de la France arrive par avion du Japon.
Alors, tel raffineur et fabricant de catalyseurs italien attend, depuis vendredi 16 avril, ses livraisons quotidiennes de métaux. Certaines entreprises de composants électroniques voient avec inquiétude fondre leurs stocks. « Mais, pour l'instant, il n'y a pas de rupture », affirment les industriels.