Habituellement, l'or et le dollar évoluent en sens inverse. Quand le dollar se déprécie, l'once d'or se redresse. Pendant neuf ans, les investisseurs ont ainsi misé sur l'or pour se protéger des menaces d'inflation et de déclin de l'économie aux Etats-Unis. Mais depuis le début de l'année, ce principe est battu en brèche : alors que le dollar se raffermit par rapport à l'euro, mis en difficulté par la crise financière grecque, le lingot continue de gagner du terrain.
Il a gagné du terrain... en dollars jusqu'à jeudi 8 avril- où des prises de profit, après l'ascension des jours précédents, ont calmé les cours à New York. Mais il a surtout pris de la valeur en euro : à plus de 864 euros, l'once d'or a franchi son record de tous les temps ce jeudi ! Le métal jaune est ainsi devenu un refuge face aux incertitudes sur la dette des pays européens !
Plus généralement, l'or est soutenu par un afflux de liquidités au commencement du deuxième trimestre, mais aussi par une demande physique qui se reprend. En Inde, première destination du métal précieux, les consommateurs se remettent à acheter de l'or, aidés par la robustesse de leur monnaie, la roupie, qui a pris 4,5% par rapport au dollar cette année ; les bijoutiers restockent en prévision de la saison des mariages, qui commence le mois prochain. Parallèlement, le plus grand fonds indiciel basé sur l'or, le SPDR Gold Trust, vient d'annoncer qu'il avait acquis près d'une tonne supplémentaire de métal précieux.
Face à cela, l'offre est chancelante, avec une production sud-africaine en baisse de près de 10% par rapport à la même période l'an dernier. C'est pourquoi si l'once d'or n'a pas encore rejoint son record de décembre à 1 217 dollars 40, elle a tout de même atteint 1 152 dollars, au prix spot à New York, en hausse de 5% par rapport au début de l'année. L'or, toute « relique barbare » qu'il soit, résiste à la santé retrouvée du billet vert.