Avec tout d’abord « la rumeur qui indigne l’Elysée » : c’est la une de France-Soir. « Résumons, précise le journal : depuis un mois et même plus, une poisseuse rumeur (…) attribue au président de la République et à son épouse des liaisons extra-conjugales. Une affaire minable, mais jusque-là limitée. Seulement voilà, poursuit le journal, elle va prendre de l’ampleur (notamment à l’étranger) lorsque la rumeur en question (…) est relayée et même orchestrée par le site internet du très sérieux Journal du Dimanche (…). Démentis en cascade des intéressés. (…) Démission du responsable du site du JDD et de l’auteur de l’article. » Mais, « tout s’emballe, poursuit France-Soir, et un cran de plus va être franchi lorsqu’on apprend qu’une plainte a été déposée par le groupe Lagardère (propriétaire du JDD) pour que soient complètement établis les faits. » De plus, intervention remarquée ce week-end de Pierre Charon, l’un des conseillers en communication de Nicolas Sarkozy : « nous faisons de cette ignominie un casus belli, affirme-t-il. Nous voulons aller jusqu’au bout. La peur doit changer de camp. »
Les journalistes pour cibles ?
Alors beaucoup de commentaires ce mardi sur cette affaire. « A l'heure d'internet, la mondialisation est également devenue celle des rumeurs, constate La République des Pyrénées. Parties d'un blog du JDD, elles ont été répercutées tous azimuts par une presse étrangère pas soumise aux mêmes rigueurs juridiques. Évidemment, elles sont revenues comme un boomerang sur la toile en France. L'affaire est prise très au sérieux par l'Elysée. »
« Internet doit-il être le déversoir incontrôlé de toutes les rumeurs, calomnies ou insanités lancées par des informateurs au zèle d'autant plus destructeur qu'ils sont non identifiés ? », s’interroge La République du Centre. « Les journaux, affectés par la crise de confiance du lectorat n'ont rien à gagner, estime le journal, à se nourrir de ces informations non vérifiées et non sourcées qui se répandent comme autant d'immondices sur le net. »
Pour autant, l’Elysée ne doit pas prendre les journalistes pour cibles, affirme Sud-Ouest qui précise « qu’au contraire de leurs confrères anglo-saxons (notamment), et à l'exception de deux responsables d'un site internet rudement et promptement châtiés, la presse française s'est bien gardée de propager les rumeurs sur le couple présidentiel. »
Sarkozy en a-t-il trop fait ?
Et pour Sud-Ouest, c’est le président qui est fautif : « en exposant sa vie privée pour les besoins supposés de son élection, en médiatisant à outrance sa rencontre puis ses fiançailles avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy a joué avec le feu. Il voulait un temps imiter les rock stars, il subit aujourd'hui le traitement réservé aux rock stars. »
Même explication pour La Voix du Nord : « il est vrai que si le président n'avait pas soigneusement exposé son idylle chez Mickey, s'il n'y était pas allé de ses élans de collégien dans des conférences de presse présidentielles, il n'aurait peut-être pas suscité tant d'attentions indiscrètes et de commentaires à l'eau de rose sur le sujet de sa vie privée. (…) Rien de tout cela n'a vraiment à voir avec le journalisme », estime le quotidien nordiste.
Enfin, Le Républicain Lorrain revient sur les propos de Pierre Charon : « le conseiller du président a proféré une menace inquiétante pour la liberté d'expression, affirme le journal, en souhaitant que « la peur change de camp ». Menace qui rend nauséabonde l'odeur du complot évoqué avec beaucoup de légèreté. En effet, estime le quotidien lorrain, si Nicolas Sarkozy est menacé aujourd'hui, c'est d'abord par lui-même, par ses errements et ses erreurs, et par ses propres amis politiques. »
Faire du journalisme ou faire de l’audience ?
Autre affaire de médias : la diffusion ce soir sur France 2du magazine Les Infiltrés, avec comme sujet la pédophilie. Le reporter qui a filmé avec une caméra cachée a dénoncé après coup à la police les pédophiles avec lesquels il est entré en contact… Du coup, Libération s’interroge en une : « journalistes ou balances ? » Libération qui prend partie et qui s’insurge contre cette pratique : les réalisateurs de l’émission « ont contrevenu à deux règles fondamentales de notre profession, estime le journal. Ne pas usurper une identité et faire état dès les premiers contacts de sa qualité de journaliste. Ce qui aurait évité le viol d'une seconde règle : le respect absolu des sources. Faudra-t-il désormais, s’interroge Libération, donner les sans-papiers ou les membres d'ETA, eux aussi dans l'illégalité, lorsque l'on réalise des reportages sur le travail au noir ou le terrorisme ? Notre métier est fragile et difficile, souvent injustement critiqué. Raison de plus pour le faire proprement. »
Pour sa part, Hervé Chabalier, le producteur de l’émission, interrogé par Libération, se défend : « On ne dénonce pas, on signale. (…) Quand on sait que des gamins vont être victimes de prédateurs, il n’est pas possible de ne pas empêcher que ça se passe. »
Même réponse pour David Pujadas, le présentateur de l’émission : « on ne va pas s’empêcher de dénoncer un violeur de mineurs parce qu’on a notre carte de presse. »
Enfin cette remarque du Progrès : « le métier de policier a sa noblesse, mais la confusion des genres est à éviter, tant que faire se peut. Surtout, cette confusion devient insupportable quand elle se pare de grands sentiments : il s'agirait de dénoncer l'inacceptable, d'agir en citoyens responsables. Balivernes, affirme le quotidien lyonnais : il s'agit de faire de l'audience, donc de l'argent. »