Les grands négociants stoppent leurs livraisons d’essence à l’Iran

Avant même le vote définitif d'une nouvelle loi aux Etats-Unis, prévoyant des sanctions contre les entreprises étrangères qui commercent avec l'Iran, les trois plus grands négociants de pétrole, Vitol, Glencore et Trafigura ont, selon le quotidien britannique Financial Times, déjà stoppé leurs livraisons d'essence à l'Iran, grand producteur de pétrole mais qui manque paradoxalement de carburant.

Deuxième producteur mondial de pétrole, l'Iran n'a pas développé les capacités de raffinage suffisantes à ses propres besoins croissants en produits raffinés et en premier lieu l'essence. C'est pourquoi Téhéran doit aujourd'hui importer un tiers de ses besoins en produits pétroliers. Malheureusement, les sources d'approvisionnement étrangères en essence semblent se tarir car les Américains vont sanctionner cette fois les entreprises étrangères qui commercent avec Téhéran. Les sénateurs et les représentants américains ont massivement voté en faveur de ces sanctions supplémentaires. S'il reste encore à unifier les textes de chacune des chambres du Congrès, il ne fait aucun doute que le président Obama n'aura d'autre choix que de promulguer la loi qui en sera issue à laquelle l'opinion est très favorable.

Les trois plus grands négociants de pétrole au monde ont donc pris les devants en suspendant leurs livraisons de produits pétroliers à l'Iran. Après le suisse Glencore en début d'année, son compatriote Vitol a arrêté ses approvisionnements à l'Iran la semaine dernière. Quant au britannique Trafigura, il se serait aussi retiré du jeu. Il s'agit de décisions qui pénalisent Téhéran. Même si le régime proclame en permanence que la modernisation de ses raffineries avance et que l'autosuffisance en essence est pour bientôt, cela fait des années qu'il fait cette promesse et il vient encore de reporter l'échéance à 2012-2013. Face aux coûts élevés des importations d'essence de l'ordre de 10 milliards de dollars par an, l'Iran n'a qu'une solution pour l'instant : faire baisser la consommation de carburant des Iraniens, ce qui est déjà en train de se produire, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Une baisse brutale des subventions sur l'essence n'est cependant pas envisageable ; elle ne ferait qu'aggraver le mécontentement dans le pays. Pour l'instant, seule une diminution du quota subventionné de 80 à 60 litres par véhicule est prévue. Le régime fait aussi la promotion du GPL, le gaz de pétrole liquéfié. En attendant l'autosuffisance en essence et en l'absence des grands négociants internationaux, l'Iran devrait se tourner encore davantage vers les fournisseurs asiatiques comme la Chine, l'Inde ou la Malaisie moins préoccupés par les sanctions américaines et qui sont déjà des sources importantes de produits pétroliers pour l'Iran.

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