La campagne de collecte de l’arachide au Sénégal

L’optimisme des premières heures a vite cédé le pas à l’amertume. Trois mois après le début de la campagne de collecte de l’arachide au Sénégal et alors que celle-ci entre dans la dernière ligne droite, les opérateurs privés stockeurs, qui servent d’intermédiaires entre les producteurs et les huileries laissent éclater leur mécontentement.

« Depuis le début de la campagne, les huileries n’ont pas été capables de payer les factures à temps, proteste Saliou Ndiaye un responsable de la FNOPS-T, l’organisation qui fédère les « privés-stockeurs ». Selon ce responsable, la principale des huileries, la Sunéor, n’avait payé la semaine dernière que la moitié des 149 000 tonnes de graines livrées. Et 432 camions étaient toujours en attente avec leur chargement devant les usines.

Premier maillon de la chaîne de commercialisation, les producteurs d’arachide font les frais de ces retards de paiement. « Cette année, l’arachide aura été l’or des huiliers, et pas celui des producteurs » s’indigne Sidy Ba, le secrétaire général du CCPA, le Cadre de Concertation des Producteurs d’Arachide. Et il ajoute : « Bien que les paysans aient fourni leurs graines, certains attendent toujours leur argent ! »

Cette attente a relancé le marché parallèle de l’arachide où des commerçants achètent la graine bien en dessous du prix officiel de 165 FCFA le kilo.

A la Sunéor, on explique ces retards de paiement par la précipitation avec laquelle les opérateurs privés stockeurs ont apporté les graines vers l’usine. Une source à la Sunéor explique : « Sachant que l’Etat ne subventionnerait que 300 000 tonnes sur les 1 million 175 000 tonnes produites, les privés stockeurs ont tous voulu placer au plus vite la plus grande quantité de graine possible ».

Cette course à l’arachide subventionnée aurait perturbé le plan d’achat de l’entreprise. « Nous n’avions pas la trésorerie nécessaire pour payer toutes ces livraisons », poursuit cette source.

Face à la colère des privés-stockeurs et des producteurs, la Sunéor cherche à rassurer. « A partir de la semaine prochaine, nous prévoyons le déblocage de 40 millions de dollars de crédits par des banques étrangères, explique notre source, une première tranche de financement portera sur 15 millions de dollars. Cela nous permettra d’éponger le dépassement.» 

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