A la Une : le rapport de la Cour des comptes…

Un rapport très attendu comme chaque année et peut-être encore plus en période de crise, où les Français doivent se serrer la ceinture, il est toujours intéressant et instructif de voir comment l’Etat gère l’argent public.

L’Union donne le ton : « aïe, aïe, aïe ! Ce rapport de la Cour des comptes appuie où cela fait mal et illustre le foutoir dont est capable l'administration pour mal dépenser l'argent public. On pourrait en rire, souligne le quotidien champenois, mais les meilleures feuilles de ce travail ô combien précis mettent au jour des gestions incompréhensibles ou contradictoires promptes à entamer l'efficacité des services publics. Que de bazar et de petites combines ! »

Petits et grands gaspillages…

Pour avoir une vue d’ensemble de ce rapport : Le Parisien, page 4. « La Cour des comptes tacle l’Etat », titre le journal qui cite pêle-mêle : les contrôles fiscaux insuffisants, les fraudes au chômage importantes, une amende sur quatre qui n’est pas encaissée, des niches fiscales très coûteuses, les voitures de fonction de luxe de la police nationale, les feuilles de soin qui coûtent très cher à la sécurité sociale ou encore le temps de travail des aiguilleurs du ciel…

Arrêtons-nous sur certains de ces abus. Tout d’abord, « le scandale des PV impayés », c’est le grand titre de France Soir qui précise que plus de 500 000 amendes ont été annulées de manière irrégulière à Paris en 2007. Au total, « un quart des PV saute », s’exclame France Soir qui, à l’instar de la Cour des comptes, dénonce l’indulgence de certains fonctionnaires bien placés.

Autre exemple cité cette fois par Libération : le char Leclerc, « un programme militaire en totale inadéquation avec la réalité actuelle du terrain », note le journal qui cite le commentaire de la Cour des comptes sur ce sujet : « ainsi, le char Leclerc est capable de tirer à cadence élevée en roulant à grande vitesse. Si cela pouvait paraître utile quand il était envisagé de devoir freiner l’avance des divisions blindées de l’Armée rouge, cela l’est bien moins quand il s’agit de signifier la puissance potentielle des troupes de l’ONU au Liban-Sud. » Commentaire de Libération : « voilà un exemple implacable »…

Une dette publique qui explose !

Et on pourrait les multiplier ces exemples de gaspillage, de gabegie, de mauvaise gestion des deniers de l’Etat. Mais, la palme, le pompon, « le bonnet d’âne 2010, souligne L’Est Républicain, est attribué à la dette publique. La crise a certes sa part, reconnaît le journal, mais les gestionnaires de nos finances (...) sont aussi responsables de la hausse historique du déficit de la France, qui a plus que doublé en un an. »

« Cour des comptes : 'la dette publique s’emballe' » : c’est la manchette des Echos qui précisent que « la haute juridiction financière exhorte l’Etat à agir vite et fort », en réduisant notamment les niches fiscales, car, à ce rythme, « la dette publique pourrait approcher 100% du PIB en 2013. »

« La France n'est pas dans une situation reluisante, renchérit Le Républicain Lorrain. Avec des déficits publics cantonnés autour des 3% du PIB au début de la crise, elle en était à près de 8% un an plus tard, fin 2009. Et sa dette pourrait donc atteindre bientôt les 100% du produit intérieur brut. Ce qui signifie que l'Etat, à lui seul, engloutira la totalité de la richesse générée par le pays. »

Alors, que faire ? Eh bien, « la Cour des comptes appelle à des réformes structurelles », remarque La Tribune. Comme en effet la suppression de certaines niches ou avantages fiscaux… Et justement, souligne le quotidien économique, « l’annonce par Matignon d’un prochain tour de vis budgétaire et d’une remise à plat des niches fiscales tombe à pic. »

La plume posthume de Philippe Seguin

La Tribune qui note par ailleurs certains verbes employés dans le rapport de la Cour : « réformer, revoir, moderniser, supprimer »… et qui constate qu’il y a derrière ce rapport, bien sûr, la plume et l’ombre de Philippe Séguin, décédé le mois dernier. Et c’est aussi l’occasion pour de nombreux commentateurs de saluer le travail de l’ancien président de la Cour des comptes.

Ainsi on revient à L’Est Républicain qui rappelle que « tout le monde a versé une larme en apprenant, début janvier, la mort de Philippe Séguin. Et il y avait encore une certaine émotion à entendre rugir la grosse voix du premier président de la Cour des comptes, hier. Une voix comme venue d'outre-tombe pour nous rappeler à la raison. »

« La mort récente de Philippe Séguin fait du rapport de la Cour des comptes son dernier coup de griffe à Sarkozy », relève la République des Pyrénées.

« Philippe Séguin n’était plus là hier pour décocher les piques dont il avait pris l’habitude depuis sa nomination, commente Libération. Mais le cru 2010 du rapport annuel de l’institution finalisé en décembre, quelques semaines avant son décès, porte bien la patte de l’ex-premier président de la Cour. »

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