El Niño : plus de peur que de mal sur les marchés

El Niño n'a pas encore dit son dernier mot, mais, malgré les pluies diluviennes en Amérique latine et en Afrique, malgré la sécheresse prolongée en Asie du sud-est et en Australie, il a provoqué plus de peur que de mal sur les marchés des matières premières.

Certes, si l'on considère qu'El Niño a asséché la mousson indienne, on peut dire qu'il a contribué à la mauvaise récolte de sucre et donc, à la hausse spectaculaire des cours de l'édulcorant. Même tendance haussière pour l'huile de palme, dont la récolte a été moins bonne en Indonésie et en Malaisie. En revanche, du côté des grains, El Niño n'a fait que renforcer la tendance baissière : en favorisant les pluies en Amérique latine, il a engendré une production record de soja en Amérique latine, alors que les productions de céréales partout ailleurs étaient généreuses pour d'autres raisons... La récolte de blé australienne est même passée à travers la sécheresse prolongée. Seule la production de riz pourrait souffrir un peu du manque de pluie provoqué par El Niño en Asie du sud-est. Mais les stocks thaïlandais devraient suffire largement à combler les déficits.

Là où El Niño pourrait avoir l'impact le plus fort, c'est paradoxalement... en s'affaiblissant ! Et pas sur les matières premières agricoles, mais sur les cours du pétrole et du gaz... Les eaux du Pacifique ont déjà commencé à refroidir, indiquent le Bureau météorologique australien. Même écho de la part du centre de prévision climatique du gouvernement américain, qui anticipe la fin des perturbations d'ici le mois de juin prochain. La disparition d'El Niño coïnciderait donc exactement avec le début de la saison des cyclones dans le golfe du Mexique. Des ouragans, qui n'ayant plus aucun concurrent climatique, devraient être beaucoup plus fréquents que l'an dernier. On s’attend à ce qu'ils s'abattent régulièrement sur les installations pétrolières américaines. Une menace propre à doper les cours du brut.

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