Une équipe d'agronomes vient d'évaluer sur place la production de vanille de l'an prochain. « Les résultats sont épouvantables », confie Michel Manceau, consultant de la filière. Plus d'un tiers des vanilliers malgaches ont été détruits par un champignon, la fusariose, et presque toutes les plantations vieilles de plus de deux ans sont infectées... La production 2010 pourrait ne pas dépasser 800 tonnes, contre plus de 2000 tonnes l'an dernier.
On s'attendait déjà à un recul important, les paysans avaient pollinisé moins de fleurs de vanille depuis l'automne, découragés par la chute des prix divisés par 3 en un an. On prévoyait une pénurie sur les marchés, mais seulement en 2011. Elle pourrait sévir dès cette année, du fait de la baisse dramatique de l'offre malgache, deux-tiers de la vanille naturelle mondiale mais aussi des mauvaises récoltes annoncées en Inde en Ouganda, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie (150 petites tonnes chacun). Un trader allemand s'attend à ce que les prix de la vanille naturelle se redressent dès ce mois de janvier !
Cette perspective va réjouir les intermédiaires de la vanille malgache. Depuis trois mois, les exportateurs n'avaient plus le droit d'embarquer la vanille séchée à moins de 27 dollars le kilo, alors qu'il ne pouvaient pas la vendre beaucoup plus de 18 dollars pour la qualité moyenne. Le gouvernement d’Antananarivo avait imposé ce prix plancher à l'export mais aussi un prix minimum aux producteurs pour préserver leur revenu. Une promesse du président Andry Rajoelina, qui avait abouti au résultat inverse : moins d'achats auprès des paysans... et moins de rentrées de devises pour les caisses de l'Etat, les exportateurs ayant soit refusé d'embarquer la marchandise à perte, soit contourné la loi par la contrebande, soit rechigné à rapatrier les devises en proportion de ce nouveau barème. Les rares opérateurs favorables à ce prix minimum étaient accusés de privilégier l'écoulement de la production précédente aux dépens de la nouvelle récolte. La vanille naturelle s'étant moins bien vendue aux Etats-Unis ou en Europe cette année. Du fait de la crise, certains traders se retrouvaient avec des stocks dans les pays consommateurs, jusqu'à 1 500 tonnes au total à ce jour.
La situation va maintenant s'inverser. C'est dans les ports malgaches qu'on stocke, les grossistes attendant que les prix mondiaux remontent en flèche. La demande se reprend alors que l'offre restera pendant au moins trois ans, estiment les agronomes, le temps d'éradiquer le champignon des vanilliers malgaches.