La fuite de Carlos Ghosn au Liban a une conséquence directe et évidente : il ne peut plus être jugé au Japon. Sous le coup de quatre inculpations, pour des revenus non déclarés et des abus de confiance représentant plusieurs centaines de millions d'euros, l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi devait être jugé dans quatre mois, en avril prochain.
La justice japonaise va donc devoir suspendre la procédure, mais il est peu probable que Carlos Ghosn revienne à Tokyo : ni de son plein gré, puisqu'il fustige depuis le début une justice japonaise qu'il juge partiale, ni contraint, puisqu'il n'existe aucun accord d'extradition entre le Liban et le Japon.
De quoi constituer une bataille diplomatique entre Tokyo et Beyrouth ? Peu vraisemblable, estiment plusieurs experts juridiques, car le dossier était particulièrement épineux au Japon : la procédure a éclairé le monde sur la rudesse du système judiciaire national, des failles dans l'enquête ont été soulevées et des responsables japonais de Nissan auraient pu faire les frais de trop de révélations.
Des révélations qui viendront peut-être quand même : Carlos Ghosn, qui a toujours nié en bloc les accusations portées contre lui et qui se dit victime d'une machination, promet de s'expliquer publiquement dès la semaine prochaine.
Selon Lionel Vincent, avocat aux barreaux de Paris et Tokyo, basé au Japon et interrogé par David Baché de RFI, le Liban n'a aucune obligation d'extrader Carlos Ghosn et de le rendre à la justice japonaise. La suspension de la procédure pourrait durer assez longtemps et l'affaire s'arrêter ainsi, sans que justice ne soit rendue.