C'est un projet de budget largement consacré aux revendications exprimées lors de la crise des « gilets jaunes » qui doit être présenté ce vendredi en Conseil des ministres. Dans un entretien au Parisien, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a résumé le mot d'ordre de l'exécutif : « Nous avons préféré baisser les impôts plus vite que le déficit ».
Le gouvernement devrait entériner plus de 9 milliards d'euros de réduction de prélèvements. L'impôt sur le revenu baissera de 5 milliards d'euros, comme l'a annoncé le président de la République Emmanuel Macron au printemps, à l'issue du « grand débat national ». Ce sont notamment les classes populaires et moyennes qui profiteront des baisses d'impôts sur le revenu. Douze millions de foyers pourront ainsi bénéficier d'une augmentation d'un pouvoir d'achat de 350 euros en moyenne. Les 5 millions de foyers plus aisés bénéficieront eux de 180 euros.
A cela s'ajoute la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages actuellement imposés en seront totalement exemptés. Les 20 % restants devront attendre trois ans.
Une baisse plus lente pour les entreprises
La baisse des charges pour les entreprises sera en revanche plus lente que prévu. L'impôt sur les sociétés devait passer à 28 % l'an prochain pour finalement atteindre 25 % en 2022. Les grandes entreprises devront patienter : il baissera seulement de 33,3 % à 31 % l'an prochain pour celles dont le chiffre d'affaires est supérieur à 250 millions d'euros. En 2021, le taux passera à 27,5 % pour ces dernières et à 26,5 %, comme prévu, pour les société plus petites.
L'objectif de suppressions de postes sur l'ensemble du quinquennat est ramené à 10 500, alors qu'il était de 50 000 au début du mandat d'Emmanuel Macron et d'encore 15 000 en milieu d'année. En 2020, les principaux perdants sont les ministères des Comptes publics, avec 1 666 postes en moins, et celui de la Transition écologique, qui en perd 1 073. A l'inverse, l'Intérieur gagne 1 536 postes et la Justice 1 520.
Mais ces mesures interviennent dans un climat macroéconomique dégradé par le ralentissement de l'économie mondiale et les incertitudes liées aux tensions commerciales et au Brexit, qui ont conduit le gouvernement à tabler sur un recul de la croissance économique en 2020 à 1,3 %. Si le déficit va bien baisser l'an prochain, il se situera à 2,2 % du PIB, contre 2 % initialement prévu par le gouvernement. Surtout, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels et évolution de la conjoncture) restera stable, et la dette publique va à peine baisser à 98,7 % du PIB, après un bond à 98,8 % cette année.
Lors d'une conférence de presse ce jeudi, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a défendu les choix du gouvernement. « Vous ne faites pas un budget au milieu de nulle part (...) Vous faites un budget en fonction de priorités économiques et d'une situation économique et sociale », a-t-il fait valoir.
(Avec AFP)