Pétrole: la Russie vole la vedette à l’Opep

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) réunit ses membres à Vienne ce lundi 1er juillet. La Russie n'a pas attendu cette réunion pour annoncer dès dimanche qu'un accord était conclu avec le cartel, et lundi que la réduction de la production serait prolongée de neuf mois.

Le baril de Brent frôle ce lundi les 67 dollars et se rapproche du niveau de la mi-avril ou de la mi-mai, lors des escarmouches aux abords du détroit d'Ormuz. Ce n'est pas du golfe Persique mais d'Osaka, lieu de réunion du G20 au Japon, que sont venues les raisons de la hausse. En marge de ce sommet, les États-Unis et la Chine ont marqué une pause dans leur conflit commercial. Ce qui pourrait relancer la demande de pétrole.

Surtout dès dimanche, Vladimir Poutine a annoncé qu'un accord était conclu avec les autorités saoudiennes pour prolonger la réduction de l'offre pétrolière de l'Opep et de ses 10 alliés hors de l'Opep. Lundi à Vienne, le ministre russe du Pétrole, Alexander Novak, a précisé que l’accord était prolongé pendant neuf mois. Or, c'est ce qui est encore à décider ce lundi à Vienne, le siège de l'Opep, et le lendemain mardi lors de la réunion avec ses alliés, dont la Russie. On peut dire que la Russie a volé la vedette à l'Opep, comme si elle se posait en dirigeant du cartel, dont elle ne fait pas partie.

« Perte d’autorité de l’Opep »

L'Iran réagit plutôt mal. Depuis Vienne, le ministre iranien du Pétrole se dit certes favorable à l'accord annoncé par la Russie pour soutenir les cours. L'Iran réduit déjà ses exportations, contraint par les sanctions américaines, et il a donc intérêt à ce que les autres exportateurs fassent des efforts pour que chaque baril vaille plus cher.

Mais Bijan Zanganeh dénonce la méthode, c'est-à-dire le fait que la Russie ait grillé la politesse à l'Opep, avec la complicité de l'Arabie saoudite, son ennemi de toujours et dirigeant de fait du cartel viennois. « L'Opep a perdu de son autorité », estime le ministre iranien du Pétrole, l'organisation est, selon lui, « au bord de l'effondrement ». Il déclare que l'Iran « rejettera les propositions de signer une nouvelle charte de coopération avec les non-Opep ». Parce que, estime-t-il, « il y a déjà beaucoup de problèmes à l'intérieur de l'organisation ». En particulier le plongeon de la production iranienne, encore plus grave que lors des sanctions précédentes, ce qui a fait perdre à l'Iran son statut de numéro deux au sein de l’Opep. Et le plongeon de la production vénézuélienne. Sans compter l'hostilité de plus en plus forte entre Riyad et Téhéran.

Accord prolongé neuf mois ?

Également membres de l’Opep, les Émirats arabes unis tiennent à souligner qu’ils « ne sont pas sur la ligne de l'Iran ». C’est assez naturel, ils sont les grands alliés de l'Arabie saoudite. Leur ministre du Pétrole répond ironiquement que « tout membre de l'Opep peut mettre son veto » à ce projet de proposition, annoncé par la Russie. Le ministre émirien sait pertinemment que Téhéran n'a aucun intérêt à le faire.

Quant au Nigeria, sa représentante à Vienne rejette catégoriquement l’opinion iranienne : « Je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'Opep se meurt ! Vingt-quatre pays (au sein de l’Opep et hors Opep) s’engagent à coopérer , je ne vois pas en quoi c’est une agonie ! » La représentante du ministre nigérian du Pétrole à Vienne se dit favorable au prolongement de l'effort commun de l'Opep élargie pendant neuf mois plutôt que six. À noter que le Nigeria a laissé les autres membres sacrifier leurs exportations pour l’instant, puisqu’il n'a pas respecté ses engagements de réduction récemment.

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